L’Afrique francophone se rebelle contre le franc CFA
Les Panafricains organisent pour la première fois, cette semaine, une journée internationale pour dénoncer le franc CFA. A cette occasion, un front des Africains contre le franc CFA sera lancé entre Paris et Dakar le 7 janvier prochain. Cette initiative des Panafricains d’Abidjan, d’Ouidah, de Londres et Bruxelles sera une occasion de «mobilisation sur le thème du franc CFA et la nécessité de se défaire de cette monnaie postcoloniale», indiquent ses initiateurs dans une note adressée à la presse africaine. A Paris, la rencontre sera animée par Nicolas Agbohou, docteur en économie politique et l’un des pères de la résistance au franc CFA, auteur du célèbre ouvrage Le franc CFA et l’euro contre l’Afrique (1998), Toussaint Alain, journaliste politique et ancien conseiller de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, et Théophile Kouamouo, journaliste politique et écrivain.
L’appel invitant à la tenue d’une telle journée a été lancé le 26 décembre 2016 par le militant panafricaniste, écrivain et chroniqueur Kemi Seba et par l’ONG Urgences panafricanistes (Urpanaf). «(…) Sur le continent, les citoyens et associations se mobilisent. Tous dénoncent les effets pervers de cette monnaie postcoloniale et réclament la fin de la servitude monétaire. Ils exigent la vérité sur les comptes d’opérations ouverts par les banques centrales auprès du Trésor français», indique la note en question.
Les initiateurs de la résistance contre le franc CFA soutiennent, en outre, que «le temps est venu de mettre en œuvre des solutions alternatives pour un développement économique qui corresponde réellement aux besoins des populations. Au-delà, la société civile pose la question d’une autre architecture financière qui déboucherait sur la monnaie unique africaine».
Dans leur communiqué, Kemi Seba et ses amis révèlent d’ailleurs que la mobilisation a pour objectif de contribuer aux débats en Afrique, en Europe et en Amérique concernant les moyens de sortir de cette «servitude monétaire», et d’informer l’opinion africaine, française et européenne «des conséquences du lien qui attache encore l’ancienne métropole à ses ex-colonies». Selon eux, il s’agira également de discuter des transformations indispensables à opérer tant au niveau institutionnel que politique pour répondre aux intérêts des quinze pays de la Zone franc CFA dont onze sont classés parmi les pays moins avancés (PMA) par les Nations unies.
«Penser une Afrique nouvelle, c’est penser l’émergence d’un continent libéré du joug impérialiste, qui prend en main son économie et gère directement l’exploitation de ses propres ressources naturelles. La monnaie est un attribut de souveraineté. Or, le franc CFA, cheval de Troie du néocolonialisme, empêche évidemment cette impulsion», expliquent d’autres opposants au franc CFA.
C’est pourquoi, disent-t-ils, cette action coordonnée du 7 janvier 2017 contre l’ordre économique du système franc CFA est une mobilisation inédite et historique, ajoutant qu’elle met en lumière la capacité des Africains (…) à comprendre l’urgence de prendre part à ces discussions afin de s’impliquer réellement dans l’avenir du continent. Les Panafricains de la société civile, qui ont fait de cette problématique économique un point capital de leur réflexion et de leur argumentaire, ont immédiatement répondu présents.
Créé en 1945, le franc CFA est en cours aux Comores et dans quatorze Etats en Afrique : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Mali, Niger, République Centrafricaine, République du Congo, Sénégal, Tchad, Togo.
Khider Cherif
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