Mise en garde de Djamel Ould-Abbès aux cadres du FLN : la discipline ou le bâton !
Pour sa première instruction de l’année envoyée aux secrétaires des mouhafadhas et des commissions transitoires, Djamel Ould Abbès, secrétaire général du FLN, n’a pas été trop bavard. Quatre points concentrés en quelques lignes lui ont suffi pour faire savoir ce qu’il attend de ses subordonnés. Mais les quelques lignes qu’il a écrites ont également suffi pour faire ressortir sa crainte encore vivace d’un débordement qui lui ferait perdre le contrôle du parti et compromettrait sa mission consistant à le mener vers la victoire aux élections législatives d’abord puis communales qui ont lieu cette année.
Connaissant le faible de ses militants pour les sièges du Parlement, Ould Abbès veut éviter les remous qui pourraient raviver avec plus de force les divisions qui ont déchiré le FLN ces dernières années. Dans ce but, il demande le gel de toutes les mesures organiques, ce qui signifie donc y compris les mesures disciplinaires. Mais d’un autre côté, il n’oublie pas qu’il faut veiller au respect de la discipline dans les rangs et n’hésite pas à brandir la menace de sanctions contre ceux qui s’écarteraient du droit chemin qu’il a tracé et n’appliqueraient pas ses directives. Comment continuer à être rassurant, en droite ligne du discours rassembleur qu’il a tenu dès le début de sa prise de fonction à la tête de l’ex-parti unique, et être dissuasif à l’égard de ceux qui seraient tentés par la dissidence au moment crucial de la confection des listes des candidats aux législatives, c’est le défi posé à Ould Abbès. Comme les autres états-majors de partis politiques qui se préparent à ces échéances dans un climat de conflit interne provoqué essentiellement par l’ambition des militants d’arriver à obtenir un siège de député pour les multiples avantages qu’il comporte (salaires et rente de situation), le FLN est d’abord préoccupé par faire le ménage à l’intérieur de ses rangs et faire taire toute contestation.
Ould Abbès a eu jusqu’à maintenant l’intelligence de recourir au soutien des anciens dissidents et frondeurs en les réintégrant moyennant une contrepartie qui reste inavouée. Il s’est facilement débarrassé des indésirables dans les mouhafadhas en faisant sans doute miroiter aux plus jeunes qui attendent leur tour l’espoir d’une promotion qui leur ferait gagner un siège de député ou au moins un poste de responsabilité qui ouvriraient l’un et l’autre la possibilité d’accéder aux avantages qui ont été consentis à leurs aînés. Il reste Abderrahmane Belayat, qui semble irréductible et imperturbable dans son rôle de leader du courant de redressement initié à l’origine contre Saïdani, et dont Ould Abbès a réussi à neutraliser quelques éléments, mais pas au point de le laminer, encore moins de l’éliminer.
Engagé dans une course contre la montre stressante, à mesure qu’approche l’échéance électorale, Ould Abbès a besoin de garder son calme pour maintenir une impression de sérénité au sein de son parti. Le pourra-t-il ? C’est indispensable pour affronter la bataille électorale contre aussi bien ses adversaires de l’opposition que son allié au sein du pouvoir, le RND, qui est, en fait, son rival numéro un. Le critère de réussite d’Ould Abbès dans sa mission sera la composition de la commission de préparation des élections et de validation des listes des candidats. Ce n’est pas tout, il y a un deuxième handicap que devra surmonter le FLN, lié à sa position de parti du pouvoir qui l’oblige à riposter à l’opposition sur les problèmes économiques et sociaux induits par la crise financière et notamment les mesures critiquées contenues dans la loi de finances de 2017 qui renvoient au bilan du pouvoir partagé avec le RND. Mais le parti d’Ouyahia, qui semble regarder au-delà de l’enjeu de l’Assemblée nationale populaire, vers celui de la présidentielle en 2019, pourrait être tenté de tirer son épingle du jeu.
Houari Achouri
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