Emeutes avortées de Béjaïa : les précisions d’Amar Belani à un «expert» belge
Les émeutes avortées par les citoyens à Béjaïa ont donné lieu à des analyses farfelues, mais aussi à des tentatives d’amplifier les faits, en faisant accroire à un soulèvement d’envergure qui eût préludé au funeste «printemps arabe» en Algérie. L’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles a décidé de répondre à un de ces «experts» dont les propos «infantilisants» et «paternalistes» ont, bien évidemment, trouvé preneur chez nos voisins de l’Ouest. Nous publions la mise au point d’Amar Belani au quotidien belge Le Soir intégralement.
«Dans son édition du 6 janvier 2017, votre quotidien a publié un article sous la plume de M. Baudouin Loos intitulé «Le système de pouvoir n’a plus les moyens d’acheter la paix sociale», par lequel l’auteur, s’appuyant sur un schéma sclérosé et une grille de lecture contrefaite qui nous rappellent ses articles surannés et pastichés datant des années 1990 sur la prétendue dualité du pouvoir en Algérie, il véhicule des informations erronées sur une soi-disant extension du périmètre de la contestation qui aurait touché, selon lui, certains quartiers à l’est de la capitale Alger. Rien n’est plus faux que de distiller ce genre d’allégations infondées et dont les motivations et les visées sont loin d’être innocentes.
Poursuivant dans sa lecture biaisée, puisée à partir d’informations plus que douteuses, l’auteur de l’article soutient que la stratégie de développement mise en œuvre par le gouvernement algérien – avant et plus encore depuis les troubles de 2011 dans le monde arabe – n’avait pour seul dessein que d’acheter la paix sociale, comme si la construction d’hôpitaux, d’universités, d’écoles, de logements sociaux et la réalisation d’infrastructures industrielles et productives ne répondaient qu’à des calculs politiciens, en dehors de considérations légitimes de développement économique, de justice sociale et d’amélioration des conditions de vie du peuple algérien.
Ce faisant, il oublie non seulement que de par son cheminement historique, l’Algérie est une République sociale qui assume pleinement ses valeurs fondatrices d’égalité et de justice sociale, mais il fait montre d’une curieuse conception du rôle et des missions de l’Etat ! C’est comme si les actions menées au quotidien par le gouvernement belge pour consolider la prospérité de ce pays pouvaient injustement être taxées de politiciennes et seraient rangées artificiellement et sans appel dans le registre de la récupération utilitaire.
Enfin, M. Loos conclut, non sans une pointe de regret (me semble-t-il) et avec un brin de lucidité bienvenue, que l’Algérie ne semble pas près de basculer dans la violence généralisée, imputant cet état de fait à l’impact psychologique qu’a eu la décennie noire sur la conscience collective et aux troubles que connaît la région du fait de la crise en Libye.
Ce faisant, il omet de souligner l’extraordinaire mobilisation des médias, des réseaux sociaux, du mouvement associatif et de nombreuses corporations issues de la société civile qui ont multiplié les appels au calme et à la raison et, dans son élan infantilisant et paternaliste, il fait abstraction du sens civique dont a fait preuve la jeunesse algérienne qui, en refusant de faire le jeu des casseurs, a administré la preuve de sa conscience citoyenne et de sa maturité politique.»
L’ambassadeur Amar Belani
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