Les islamistes briguent les strapontins
Par Kamel Moulfi – Les formations islamistes iront aux élections législatives en rangs dispersés. Les voix qu’elles mobiliseront permettront de limiter le taux d’abstention sans pour autant garantir un gain substantiel pour leur mouvement, dans la mesure où elles seront dispersées entre ses divers courants. En fait, ce sont les trois chapelles habituelles dirigées par Djaballah, Mokri et Ghoul qui vont se battre entre elles pour gagner les faveurs d’un électorat qui n’a cessé de se réduire au fil des scrutins qu’ils ne boudent généralement pas.
La démarche du MSP, qui vise à redonner à ce parti les contours qu’il avait à sa création par Mahfoudh Nahnah, confirme cette configuration du mouvement islamiste. C’est dans ce sens que va la réintégration du courant Menasra. Quant à Ghoul, il a définitivement rompu les amarres depuis longtemps avec le MSP et n’envisage même pas une alliance avec Mokri. Il vient de le réaffirme en décidant que le parti Tajamou Amel Al Djazair (TAJ) ira aux élections législatives «seul et avec ses candidats». De toutes les façons, s’il doit se joindre à une autre formation politique, ce sera plutôt vers le FLN ou le RND, les partis du pouvoir, qu’il regardera, et non pas du côté de ses origines islamistes.
Il est maintenant évident, aux yeux des observateurs, que la tentative de provoquer un effet d’entraînement par la fusion entre le Front pour la justice et le développement (FJD) et le mouvement Ennahda, et le discours «unitaire» de Djaballah, a échoué. Pire, elle a amené les deux autres protagonistes du mouvement islamiste, Mokri et Ghoul, à réaffirmer leur volonté de maintenir leur propre «identité». Est-ce à dire que les dirigeants des partis islamistes, conscients de leur perte de poids politique, due en partie à leur compromission avec le pouvoir, ont abandonné toute ambition d’avoir une influence décisive sur les destinées du pays et qu’ils se contenteraient de strapontins offerts par le système ? C’est une hypothèse plausible dans la conjoncture actuelle.
K. M.
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