L’organe des Frères musulmans Al-Jazeera vole au secours du naufragé Erdogan
Al-Jazeera confirme une fois de plus son statut de porte-flambeau médiatique de la confrérie des Frères musulmans. Indésirable dans la majorité des pays arabes et sinistrée financièrement, à tel point qu’elle a dû licencier bon nombre de ses collaborateurs, la chaîne satellitaire qatarie tente actuellement une percée en Turquie, où ses managers espèrent gagner des parts d’audience. Pour y parvenir, le bras médiatique du Qatar a décidé de faire les yeux doux à Recep Tayyip Erdogan qu’il vient de désigner personnalité de l’année 2016 au terme d’un sondage bien évidemment bidon.
En faisant du président turc un modèle à suivre, Al-Jazeera reste en phase avec sa ligne éditoriale qu’elle a décidé de dédier dès sa création, le 1er novembre 1996, à la défense des islamistes en général et des Frères musulmans en particulier. Connu pour son sens de l’opportunisme, il est fort possible que le «Sultan» d’Ankara laisse grandes ouvertes les portes de la Turquie à cette chaîne de télévision qui a participé activement en 2011 à mettre à feu et à sang une partie du monde arabe.
Actuellement en grande difficulté au double plan interne et régional, Recep Tayyip Erdogan pourrait se servir de cette télévision moyenâgeuse – dont les connexions avec les services spéciaux occidentaux ne sont plus à prouver – pour tenter de remonter la pente et sauver son «trône» chancelant. En réalité, l’offre d’Al-Jazeera ne pouvait pas mieux tomber. C’est même une véritable bouée de sauvetage qu’elle vient de lui lancer. On se demande d’ailleurs si ce sondage taillé sur mesure n’est pas destiné aussi à sauver le «soldat Erdogan» auquel de nombreux observateurs prédisent une fin aussi proche que funeste.
Cela ne serait pas étonnant. En coulant, il risque fort bien d’entraîner avec lui les résidus de la secte des Frères musulmans et de donner le coup de grâce au «modèle turc» que les Frères musulmans du monde entier présentent comme la panacée aux problèmes du monde arabo-musulman. Doha, qui mise essentiellement sur ses réseaux islamistes pour infiltrer les pays arabes, ne veut pas entendre parler d’une éventualité, surtout qu’elle a déjà perdu son «eldorado» égyptien.
Al-Jazeera et Doha auront cependant bien du mal à maintenir à flot le président turc. Confronté à une coriace rébellion kurde, aux prises à une grave crise politique interne et subissant de plein fouet le retour de sa désastreuse politique syrienne, Edogan, qui semble aujourd’hui atteint du syndrome de la complotite, est aux abois. Et ce n’est que le début puisque son pays commence aussi à sombrer dans une lente crise économique.
Face à cette déconfiture annoncée, Erdogan n’a qu’une seule idée en tête : blinder à tout prix son pouvoir. Il le fait en jetant par centaines les Turcs en prison, en instaurant un climat de peur et en préparant une révision de la Constitution qui pourra lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2029. Mais dans sa folie des grandeurs, le Sultan d’Ankara n’entend pas bien entendu monter la colère des Turcs qui fera s’écraser ses rêves de despote et rappellera au Qatar son statut de micro-Etat.
Khider Cherif
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