Tunisie : importante manifestation pour contester le retour des terroristes
Plus de 1 000 personnes ont manifesté ce dimanche dans le centre de Tunis pour s’opposer au retour des terroristes en Tunisie. Pour marquer leur unanimité sur la question, les participants n’ont affiché aucune couleur politique. En dehors de pancartes dénonçant le terrorisme et des affiches de Chokri Belaïd, première victime politique du terrorisme en Tunisie, seul le drapeau tunisien a été brandi.
Les manifestants ont scandé plusieurs slogans, tels que «Ghannouchi assassin», «Laârayedh menteur… Vous êtes l’artisan du terrorisme», «Aucune peur, aucune crainte, le pouvoir est au peuple» ou encore «Ne sont pas Tunisiens les enfants de Ghannouchi». Le chef du mouvement Ennahdha a été pris pour cible, car il a plaidé récemment la repentance pour les terroristes qui admettent leurs forfaits.
L’idée de la déchéance de nationalité semble, par ailleurs, avoir fait son chemin. Dans tous les cas, elle s’est installée au cœur du débat sur le retour des terroristes. Beaucoup de manifestants ont d’ailleurs appelé les autorités à déchoir sans plus attendre les terroristes de leur nationalité tunisienne.
Interdite par la Constitution, la déchéance de nationalité est adoubée par beaucoup de Tunisiens, y compris par les services de sécurité qui disent craindre «une somalisation de la Tunisie». Pour le moment, la mesure est rejetée par le président tunisien Béji Caïd Essebsi. «On ne peut empêcher un Tunisien de revenir dans son pays (…), mais évidemment, nous allons être vigilants», avait-il dit.
L’attentat de Berlin qui avait été perpétré par un ressortissant tunisien et la perspective du retour des terroristes tunisiens inquiètent beaucoup l’opinion et la classe politiques tunisiennes. Le 31 décembre dernier, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, jugeait insidieux le trouble que certains tentent de semer sur cette question. Il estimait, par ailleurs, trop élevé le chiffre de 5 000 terroristes fourni par des organisations non gouvernementales… et l’ONU.
Le ministère de l’Intérieur a souligné récemment que le nombre de terroristes tunisiens se trouvant dans les zones de conflit (Syrie, Libye et Irak) ne dépassait pas les 3 000 personnes. 800 personnes ayant rejoint des organisations terroristes sont rentrées en Tunisie, selon les estimations du ministère de l’Intérieur.
La situation sécuritaire en Tunisie inquiète beaucoup. Les services tunisiens de sécurité ont démantelé pas mois de 7 cellules terroristes en l’espace de dix jours. Selon les autorités, plus de 70 terroristes présumés ont été arrêtés depuis le 25 décembre.
D’après le dernier communiqué du ministère de l’Intérieur, les 13 personnes interpellées mardi dernier à Hergla, au nord de Sousse, ont entre 22 et 43 ans et ont avoué avoir recruté et envoyé «12 jeunes dans des zones de tension», référence à la Syrie, l’Irak ou encore la Libye. Selon le texte, elles ont aussi admis être «en relation» avec un dirigeant de la phalange Okba Ibn Nafaâ, un groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), principalement actif dans les montagnes de l’ouest du pays.
Khider Cherif
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