Benflis : «Le régime politique en place ne pense qu’à sa survie»
Le président de Talaie El Houriyet, Ali Benflis, est revenu aujourd’hui sur la décision de son parti de boycotter les prochaines élections législatives. Dans son intervention à l’ouverture de la conférence de presse organisée aujourd’hui au siège de son parti, Ali Benflis a affirmé que le choix du boycott a été mûrement réfléchi et qu’il émane de la volonté de la majorité de la base militante. Il a indiqué que la base militante, mais aussi les cadres du parti estiment que face à la gravité de la crise, «les prochaines échéances électorales apparaissent pour ce qu’elles sont : secondaires, dérisoires et très éloignées des urgences du moment».
Si son parti a opté pour la non-participation aux prochaines échéances législatives, c’est parce qu’elles ne constituent nullement une solution à la crise. «Cette décision n’a pas été prise à la légère ; elle n’a pas été prise dans la précipitation ; elle n’a pas été prise dans une réaction de rejet par principe de tout ce qui vient du régime politique en place. Cette option a été longuement mûrie ; elle a été largement débattue ; et elle a été adoptée à une écrasante majorité», a assuré Ali Benflis devant les journalistes. «Notre parti refusait d’être hors sujet. Et de ce fait, quel est le sujet posé à notre pays en ce moment précis ? Est-ce la tenue d’élections faussées ou bien est-ce le règlement d’une crise de régime manifeste que nous payons au prix politique, économique et social le plus fort ?», s’est-il interrogé.
Ali Benflis a assuré que son parti ne fuit nullement ses responsabilités. «Que cela soit clair et que cela soit bien compris, nous ne nous déroberons à aucune responsabilité et nous ne fuirons aucun devoir dès lors qu’il s’agira d’apporter notre contribution possible à la modernisation du système politique national, car c’est dans ses dysfonctionnements qui ne se comptent plus que réside le foyer principal des maux dont souffre notre pays», a-t-il soutenu, avant de regretter que cet agenda national «n’existe malheureusement pas». «Le régime politique en place n’a qu’un seul agenda et c’est l’agenda de sa survie. Cet agenda n’est pas et ne peut pas être le nôtre. Le régime politique en place a donc son agenda et nous avons le nôtre. Le régime politique en place ne pense qu’à sa survie, nous pensons à la pérennité de l’Etat national. Le régime politique en place s’épuise à cacher l’impasse politique, nous voulons la régler. Le régime politique en place recule, nous voulons avancer. Le régime politique en place fuit les problèmes, nous voulons les prendre à bras-le-corps et leur apporter des réponses. Le régime politique en place fait faire du surplace à notre pays, nous voulons le faire repartir de l’avant. Le régime politique en place bouche les perspectives, nous voulons les ouvrir de nouveau», a-t-il poursuivi.
Cet ancien chef du gouvernement ne partage pas l’avis selon lequel le pouvoir assène un coup fatal à l’opposition nationale par la problématique de la participation ou de la non-participation à la prochaine échéance législative. «Je ne partage pas cet avis, loin de là, et je m’en explique. J’observe en premier lieu que telle qu’elle existe aujourd’hui, l’opposition nationale rassemble déjà des partis se trouvant à l’intérieur de l’instance législative et d’autres à l’extérieur de cette instance. Cette réalité ne les a pourtant pas empêchés de se rassembler autour du projet de transition démocratique. J’observe en second lieu que cette problématique de la participation ou de la non-participation à la prochaine échéance législative est tellement secondaire et dérisoire par rapport aux véritables problèmes du pays qu’il serait dommage que nous en fassions une ligne de démarcation à l’intérieur de l’opposition nationale qui doit impérativement demeurer rassemblée autour des solutions à apporter à ces véritables problèmes», a-t-il précisé, tout en considérant qu’«il ne serait pas sage et qu’il ne serait pas lucide de notre part de permettre à cette ligne de démarcation sur un sujet non essentiel de nous diviser sur un sujet plus essentiel et plus déterminant pour notre pays, celui du changement démocratique».
Ali Benflis dit être conscient que «le régime politique en place ne nous pardonnera pas notre non-participation aux prochaines échéances législatives». Il dit également être conscient que «la liberté de mouvement des cadres de son parti sera plus entravée qu’auparavant et que les obstacles se multiplieront sur la voie de la moindre de nos initiatives politiques». Mais c’est le prix à payer pour la volonté de son parti de provoquer un changement politique en Algérie.
Sonia Baker
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