Des Marocains opprimés par le Makhzen menacent de s’exiler en masse en Algérie
Le Makhzen a tellement de mal à boucler ses fins de mois qu’il se voit obligé de renier son engagement de recruter 10 000 nouveaux fonctionnaires. Les coupes budgétaires valent aussi pour le secteur de l’éducation qui enregistre pourtant un manque important en effectif. Les autorités marocaines avaient pourtant fait la promesse ferme d’employer des centaines de jeunes enseignants fraîchement diplômés. Il n’en fallait pas plus pour provoquer leur colère. Las de promesses non tenues, ces chômeurs ont menacé tout bonnement de s’exiler massivement en Algérie dans le cas où le gouvernement ne resterait pas sur ses engagements. La menace émane du Conseil national des cadres pédagogiques dont les adhérents ont été empêchés dimanche à Casablanca d’organiser une manifestation puis à une marche vers Rabat. Et en réponse à l’interdiction qui leur a été signifiée, ils s’étaient contentés d’un rassemblement au niveau du carrefour de Marjane, sur le boulevard Mohammed-VI. C’est là qu’un des leaders du mouvement a menacé l’Etat marocain de recourir à une «demande d’asile humanitaire collectif à l’Algérie» si le gouvernement n’accède pas à leurs revendications. Selon les médias marocains, un autre activiste a même menacé d’organiser une immolation collective par le feu.
Ce n’est pas la première fois que des Marocains menacent de s’exiler en grand nombre en Algérie. Ces appels sont même récurrents. Dans les faits, beaucoup ont mis à exécution cette menace. Selon certains chiffres, plus de 100 000 Marocains vivent actuellement en Algérie. Nombre d’entre eux travaillent dans les secteurs de l’agriculture et du bâtiment. Les artisans marocains spécialisés dans le bâtiment sont particulièrement appréciés pour leur savoir-faire.
Malgré les importantes sommes d’argent investies pour acheter le silence des médias occidentaux, le Makhzen éprouve de plus en plus de mal à cacher la situation sociale chaotique du royaume et la colère des Marocains. Depuis les manifestations d’Al-Hoceima, en octobre dernier, les syndicats de chômeurs battent régulièrement le pavé dans la plupart des villes marocaines pour demander du travail ou tout simplement du pain.
Par crainte de perdre leurs annonceurs et de subir l’ire du Makhzen, les médias locaux ont pendant longtemps détourné leurs regards de la colère de la rue, préférant plutôt continuer à dépeindre un Maroc «prospère» et «à la pointe du développement». Face à la profondeur du malaise social, certains médias marocains en ligne commencent cependant à briser cette omerta qui ne dit pas son nom.
Le moins que l’on puisse dire est que le roi Mohammed VI est assis sur une véritable bombe sociale qui risque de faire vaciller son trône à tout moment, surtout que les autorités marocaines paraissent bien incapables de satisfaire les revendications mises en avant. Contrairement à l’image d’un pays en bonne santé financière qu’il essaye de faire passer, le Maroc est en crise et des pans entiers de la société basculent en silence dans la paupérisation. C’est la raison pour laquelle le roi Mohammed VI s’emploie avec méthode à entretenir la crise avec son voisin de l’Est.
Khider Cherif
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