Assegas Amegaz
Kamel Moulfi – Yennayer, le nouvel an amazigh, cette fête qui vient de nos très lointains ancêtres, a si bien résisté aux apports culturels extérieurs successifs, et encore mieux quand ils ont essayé de perturber ou faire disparaître nos traditions, qu’elle mériterait parfaitement qu’on lui associe le concept actuel de résilience qui est utilisé pour juger des capacités d’un système à garder intactes ses dimensions constitutives contre vents et marées. Yennayer n’a pas eu besoin d’être inscrite dans le calendrier des fêtes légales pour se maintenir dans la société algérienne et conserver le caractère populaire qui lui a permis de traverser sans encombre les siècles.
Cette année, le cachet officiel qui lui est donné et les grandes cérémonies organisées par les pouvoirs publics impliquant des institutions de l’Etat contrastent avec le «mode silencieux» qu’ils ont pratiquement observé pour d’autres occasions similaires. Tout semble indiquer que l’on va vers un statut de fête légale, avec «journée chômée et payée», qui serait accordé à Yennayer. En attendant, sa célébration est dans les foyers, partout dans le pays, porté par une profondeur historique millénaire et dans un espace géographique qui s’étend à toute l’Afrique du Nord. Le symbole agraire qui accompagne Yennayer suggère une perception de cet événement qui devrait aller bien au-delà de l’identitaire dont la réhabilitation se fait à pas de géant.
L’article 3 bis de la Constitution de 2016, qui consacre tamazight comme langue nationale et officielle, a ouvert la voie que peut emprunter l’amazighisation de l’environnement qui a été annoncée et qui va solidement s’appuyer sur le Centre national de recherche en langue et culture amazighes qui sera inauguré prochainement. Pour l’heure, Yennayer 2967 rassemble les Algériens autour de leurs préoccupations communes bien résumées dans l’édito du dernier numéro de la revue de l’Armée nationale populaire (ANP), El-Djeïch (voir article d’AP) : «La prospérité dans la stabilité et la quiétude».
K. M.
Comment (15)
Les commentaires sont fermés.