Khelifa Bendjedid : «Chadli a démissionné de son plein gré et a demandé à l’armée de prendre ses responsabilités»
Cela fait vingt-cinq ans que le défunt Chadli Bendjedid a démissionné. Son frère Khelifa maintient sa version des faits. Dans un entretien republié ce 11 janvier par le quotidien Echorouk, il a assuré que Chadli Bendjedid avait démissionné de son plein gré. «Lors du premier tour des élections législatives du 26 décembre 1991, mon frère (le président Chadli, ndlr) a été choqué par l’écrasante victoire du FIS. Et ce qui a aggravé ses inquiétudes, c’est que les chefs de ce parti avaient déclaré que dans le cas où ils auraient la majorité aux législatives, il n’y aura plus d’élections en Algérie», a raconté Khelifa Bendjedid, selon lequel «Chadli Bendjedid trouvait la situation extrêmement dangereuse». «Le président Chadli, a-t-il ajouté, s’est ainsi réuni au commandement des forces terrestres à Aïn Naâdja avec les chefs militaires juste après l’annonce des résultats en les alertant sur ce qu’il voyait comme un danger pour la stabilité du pays. Et ils leur a demandé de prendre leurs responsabilités.»
Khelifa Bendjedid a raconté les détails de la démission de son frère qui s’est déroulée sans la moindre pression. «J’étais chez moi, à Oran, avec mon gendre, le médecin Fethi Bekhchi, quand j’ai reçu un appel téléphonique. C’était le 7 janvier 1992. Un appel de la ligne fixe de mon frère, Chadli Bendjedid, qui demandait de me rencontrer chez lui, dans sa résidence à Zéralda. J’ai pris immédiatement la direction de l’aéroport d’Es-Sénia. Une fois à l’aéroport d’Alger, j’ai trouvé à l’accueil mon frère Malek, adjoint du chef de la première Région militaire. Je suis arrivé aux environs de minuit. J’ai donc passé la nuit chez lui. Et c’est là que j’ai appris le motif de ma convocation», a-t-il souligné, précisant que Chadli Bendjedid craignait tellement les conséquences de la victoire du FIS qu’il voulait démissionner sur-le-champ.
«Une fois chez lui, j’ai confirmé sa décision de démissionner. Je lui ai demandé pourquoi il voulait me voir. Il m’a répondu : ‘‘Je voulais t’informer de ma démission pour que tu ne sois pas étonné ou choqué par son annonce à la télévision’’», a raconté Khelifa Bendjedid, qui a affirmé avoir été présent quand son frère avait signé la démission, chez lui. «Au moment où on discutait de sa démission et de la situation du pays, le chef de protocole de la présidence de la République de l’époque, le général Benkortbi, lui a ramené une feuille qu’il a lue attentivement avant de signer. C’était sa démission», a-t-il ajouté. Khelifa Bendjedid a souligné que son frère voulait démissionner le 9 janvier. C’était à la demande de l’état-major de l’armée qu’il a repoussé sa démission au 11 janvier. «Une demande motivée par le fait que l’armée n’était pas encore prête à affronter cette situation tendue et à haut risque», a précisé Khelifa Bendjedid.
Pour Khelifa Bendjedid, son frère avait démissionné par «conviction» et non pas sous la «contrainte». «Je suis convaincu que la solution à la crise actuelle réside dans mon retrait de la scène politique, m’a-t-il dit», a affirmé Khelifa Bendjedid, selon lequel Chadli Bendjedid voulait déjà quitter le pouvoir en 1988 lors du congrès du FLN. Il l’avait exprimé clairement devant les congressistes qui l’avaient presque obligé à rester à la tête du parti.
Sonia Baker
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