Abderrezak Dourari : «La transcription de tamazight pose problème»
La célébration à une large échelle et à travers les quatre coins du pays de Yennayer, nouvel an berbère, constitue l’affirmation de l’identité algérienne et le renforcement de l’unité nationale, estime le professeur Abderrezak Dourari, directeur du Centre national pédagogique et linguistique de l’enseignement de tamazight. Intervenant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III de la radio algérienne, M. Dourari considère que «la perpétuation de cette fête au sein de la société algérienne est l’un des éléments symboles contribuant à cimenter son unité, à renforcer son identité et à récupérer son histoire et son algérianité». L’invité de la Chaîne III rappelle que la célébration de cette fête a connu une nouvelle dynamique à partir de 1995, autrement dit après le boycott scolaire et la création du Haut Commissariat à l’amazighité (HCA).
La consécration de tamazight comme langue nationale a permis à de nombreux Algériens d’afficher leur identité berbère en faisant de Yennayer un grand moment de communion et de ressourcement. Le professeur Dourari affirme également que cette fête montre toute la diversité culturelle que recèle le pays. «Chaque région célèbre Yennayer à sa manière et selon ses spécialités culinaires particulières liées à ses particularités agraires, où le couscous trône le plus souvent en bonne place», précise-t-il. Ce professeur qui connaît les particularités de chaque région estime que ces différences constituent une grande richesse pour le pays.
Interrogé sur le développement de la langue amazighe, le professeur Dourari souligne que «des travaux ont été entrepris pour notamment la transcription de la langue amazighe». Pour M. Dourari, le choix du caractère revient non pas au linguiste, mais au politique «qui gère la symbolique dans le pays». Si d’un point de vue linguistique, la langue amazighe a beaucoup avancé avec les caractères latins, le choix définitif du caractère échappe donc aux linguistes. Il relève que la transcription de tamazight se fait en trois caractères actuellement. En latin en Kabylie, en arabe dans le M’zab et en tifinagh dans le Grand Sud, chez les Touareg.
Le professeur Dourari souligne qu’actuellement, le ministère de l’Education est contraint de produire des manuels scolaires dans les trois transcriptions et les distribuer selon les régions. Il estime que «ce n’est pas au ministère de l’Education nationale qu’il appartient de gérer cette question». C’est une question qui doit être réglée en haut lieu. Abderrezak Dourari appelle don les responsables politiques à prendre en charge cette question et à la régler définitivement.
Sonia Baker
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