Crise libyenne : l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte se concertent
L’Algérie, l’Egypte et la Tunisie s’emploient actuellement à sortir le dossier libyen de l’impasse. Le représentant spécial du secrétaire général de la Ligue des Etats arabes en Libye, le Tunisien Salah-Eddine Jamili, a annoncé cette semaine la décision de dirigeants des trois pays de consacrer un sommet à la Libye afin de rechercher les voies et moyens de réconcilier les gouvernements rivaux de Tripoli et Tobrouk. Selon la même source, l’idée de tenir un tel sommet a été avancée par le président tunisien, Béji Caïd Esebsi, et aurait eu l’assentiment d’Alger du Caire. La démarche est également soutenue par la Ligue des Etats arabes dont les membres travaillent également au rapprochement des points de vue des différents belligérants libyens.
Le lieu et la date de ce sommet ne sont pas encore arrêtés. Le représentant spécial du secrétaire général de la Ligue des Etats arabes en Libye a toutefois indiqué que les trois pays travaillent actuellement d’arrache-pied pour réussir ce rendez-vous. D’autres sources affirment que des délégations algérienne, égyptienne et tunisienne se sont rencontrées plusieurs fois au Caire pour convenir d’une feuille de route. La délégation égyptienne était conduite par le chef d’état-major de l’armée égyptienne, le général de corps d’armée Mahmoud El Hidjazi.
Des contacts ont été également entrepris avec des représentants de partis politiques et de notables de tribus libyens. Selon les échos de ces réunions, un consensus concernant la nécessité de réviser l’accord de Skhirat commence à se dégager. Le représentant spécial du secrétaire général de la Ligue arabe a indiqué, par ailleurs, que le sommet que prévoient de consacrer l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte à la Libye sera précédé d’une réunion entre les ministres des Affaires étrangères de ces trois pays.
Les observateurs expliquent que la décision d’Alger, du Caire et de Tunis d’essayer de «jouer» collectivement s’expliquent par leur crainte de voir la crise libyenne déborder sur leurs territoires respectifs dans le cas d’une confrontation directe entre les milices de l’ouest du pays et l’Armée nationale libyenne (ANL) qui contrôle actuellement une grande partie de l’est de la Libye. La crainte est d’autant plus grande que des éléments laissent penser que l’ANL, dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, devrait bientôt passer à l’offensive pour récupérer des positions tenues par la coalition de milices Aube de Libye. Les pays de la région redoutent également que le dossier libyen finisse par être l’otage de rivalités entre les Occidentaux et la Russie.
Alors que les Occidentaux soutiennent le gouvernement d’entente nationale reconnu par la communauté internationale, Moscou a récemment affiché un clair soutien au maréchal Khalifa Haftar. Pour les Russes, le commandant en chef de l’ANL a un rôle central à jouer dans le règlement de la crise libyenne et est digne d’être soutenu dans la mesure où il combat le terrorisme. Entre Moscou et le général Khalifa Haftar, les contacts sont d’ailleurs réguliers.
La dernière rencontre en date a eu lieu mercredi 11 janvier sur le porte-avions russe Amiral-Kouznetsov au large de Tobrouk. Le navire est en Méditerranée, de retour de Syrie, pour retrouver son port d’attache dans le nord de la Russie. L’enjeu annoncé : combattre le terrorisme au Moyen-Orient. C’est le ministre de la Défense russe lui-même, Sergueï Choïgou, qui s’est entretenu avec le maréchal Khalifa Haftar. L’entretien s’est fait par vidéoconférence. Une fois revenu à terre, le maréchal Khalifa Haftar a rencontré, sur une base militaire de Tobrouk, le chef d’état-major russe, Valéri Guérassimov.
Khider Cherif
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