Le parti de Ghannouchi impliqué dans le transfert de terroristes en Syrie ?
L’affaire du retour des terroristes tunisiens partis guerroyer en Syrie ne cesse d’enfler en Tunisie. Un proche du leader du mouvement islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, patron d’une compagnie aérienne, est accusé d’avoir participé au transfert de ces extrémistes en Turquie pour, ensuite, se rendre sur le terrain des opérations en Syrie. Le parti islamiste de Rached Ghanouchi est fortement suspecté d’avoir un lien direct avec ce transfert des terroristes au Moyen-Orient, car le patron de la compagnie Syphax Airlines, Mohamed Frikha, se trouve être un membre d’Ennahda. Si les deux principaux concernés ont démenti toute implication dans cette affaire, certaines sources affirment que Mohamed Frikha n’a jamais milité au sein de ce parti islamiste et qu’il ne l’a intégré que par pur opportunisme économique, cela ne pourrait, en fait, que confirmer le caractère mercantile de ce businessman intéressé. Il serait difficile de croire, en effet, qu’il eût éprouvé quelque scrupule à assurer la navette contre des dinars tunisiens sonnants et trébuchants, sans doute fournis par les nombreux pays «amis de la Syrie» qui financent les différents groupes armés par différents biais.
Si Rached Ghannouchi s’est «assagi» depuis l’arrivée de son parti au pouvoir après le renversement du régime de Ben Ali, puis son échec dans la gestion des affaires de l’Etat, il n’en demeure pas moins que les islamistes affiliés à la secte des Frères musulmans se différencient des salafistes et des wahhabites par la ruse et l’artifice. Ce que ce parti et ses dirigeants veulent montrer comme étant un changement de cap d’Ennahda, dans le sens d’un assouplissement de son discours, cache le seul et même dessein dont le parachèvement constitue la quintessence de la mouvance islamiste, sous quelque forme qu’elle se manifeste : la prise de pouvoir par la manipulation ou la force et l’instauration d’un régime théocratique.
La Tunisie appréhende le retour de milliers de «djihadistes», succédanées des «afghans» algériens qui avaient infesté les maquis dès leur retour des grottes de Tora Bora, où ils avaient reçu une formation militaire poussée auprès d’«experts» américains dépêchés en Afghanistan pour prêter mainforte aux différentes milices qui combattaient l’armée russe. Le retour de ces «afghans» en Algérie, en raison du laxisme des autorités politiques de l’époque, a débouché sur une décennie de terrorisme sauvage qui fera près de 70 000 morts et causera plusieurs dizaines de milliards de pertes économiques.
Les Tunisiens craignent que le même scénario soit réédité chez eux. Et leurs craintes sont d’autant plus justifiées que les groupes terroristes armés actuels jouissent d’appuis extérieurs autrement plus importants que ceux dont bénéficiait le bras armé du FIS dissous en Algérie. Dès lors, une exacerbation du terrorisme islamiste en Tunisie risquerait de durer de longues années et d’avoir des conséquences irrémédiables sur ce pays et sur toute la région.
Karim Bouali
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