Une contribution d’Amina Mohamed(*) – Construisons l’Afrique de nos rêves !
En septembre 2016, j’ai été désignée par le président de la République du Kenya, H. E. Uhuru Kenyatta, pour être candidate au poste de président de la Commission de l’Union africaine. Pour moi, cette nomination est un appel à contribuer au destin de l’Afrique, à déployer mes compétences professionnelles et managériales et ainsi que mon expérience pour concrétiser l’agenda africain. Je considère cette désignation comme un honneur et j’espère sincèrement que les chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique, lors de leur examen au sommet de l’Union africaine en janvier 2017, me donneront l’occasion de servir mes compatriotes africains et de contribuer à instaurer la prospérité, une paix durable et la stabilité en Afrique. Depuis cette nomination, une équipe de campagne, soutenue par les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est, a visité plus de 40 pays africains. Elle a rencontré des chefs d’Etat et de gouvernement, des ministres, des diplomates, des membres de milieux d’affaires et de jeunes et vieux Africains. La campagne a également bénéficié du soutien d’un certain nombre de professionnels africains provenant de tout le continent. Ces rencontres ont été chaleureuses. Elles ont renforcé ma détermination à servir notre patrie, l’Afrique.
Je rédige donc cette lettre pour exprimer ma gratitude pour les messages de soutien et les bons conseils que j’ai reçus de tout le continent et qui ont cristallisé ma vision pour l’Afrique. J’écris aussi cette lettre pour vous inviter à me rejoindre dans le voyage qui nous mènera à la réalisation du destin de l’Afrique. Un destin qui ne peut être forgé que par l’action collective et l’apport de chacun d’entre nous.
En traversant le continent, j’ai rencontré l’esprit authentique de notre peuple, sa générosité, sa chaleur, sa bonté, sa résilience et son optimisme. Bien que cette beauté et cette diversité soient si attachantes, notre population ne peut pas connaître sa profondeur en raison d’un manque de liens capable de faciliter le mouvement des personnes, des biens, des services et des capitaux.
Les interactions entre notre peuple et surtout entre nos jeunes sont une dette que nous devons aux générations actuelles et futures. Nous devons porter et transmettre le rêve des Pères fondateurs de ce continent qui ont reconnu la force de la collaboration et du dialogue pendant leurs plus jeunes années. Leur interaction, aidée par la quête intellectuelle et le rêve d’une Afrique libre et digne, nous a apporté la libération, la liberté et l’indépendance politique. Beaucoup ont payé le prix ultime pour nous accorder la liberté dont nous profitons aujourd’hui.
Aujourd’hui, les possibilités de croissance et de prospérité de l’Afrique sont réelles. Nous représentons le deuxième plus grand marché de consommateurs au monde dont la croissance est la plus rapide. Il recèle une main-d’œuvre qui connaît également une croissance rapide. Nous sommes un carrefour mondial de l’innovation, du talent entrepreneurial et de la créativité. Les jeunes africains tirent parti des ressources disponibles pour imaginer des solutions transposables à certains des défis urgents auxquels nous sommes confrontés. En résumé, nos jeunes sont notre monnaie. Ce siècle est le leur. C’est aussi le siècle de l’Afrique ! Pour exploiter leur potentiel, nous devons collaborer à la fois politiquement et économiquement. Nous devons travailler en partenariat et favoriser l’intégration pour catalyser les synergies et mettre en valeur la diversité et le potentiel de l’Afrique.
Au-delà des efforts qui doivent être entrepris au sein de nos différents pays africains, des solutions communes résident dans notre sagesse collective consacrée par l’Acte constitutif de l’Union africaine. Notre priorité doit être accordée à notre peuple : donner aux gens de véritables opportunités de croissance, de prospérité et de dignité. C’est un devoir sacré qui ne peut être accompli que collectivement. Il s’agit de ne laisser personne derrière.
Un leader n’est pas celui qui fait les plus lointains progrès sur le front, mais plutôt celui qui amène tout le monde à la destination souhaitée. C’est l’approche que nous devons adopter pour construire l’Afrique de nos rêves. Cela doit être notre vision et notre action pendant que nous nous embarquons pour cette nouvelle année. C’est ainsi qu’il convient d’agir pour façonner le destin commun de la mère Afrique et le destin du peuple africain. Notre patrimoine, notre histoire, nos opinions africaines et nos valeurs partagées peuvent et doivent éclairer notre approche pour résoudre nos défis les plus pressants. Rejoignez-moi pour créer la destinée africaine dans le cadre de la Commission de l’Union africaine.
«Les mots de l’an dernier appartiennent à la langue de l’année dernière et les mots de l’année prochaine attendent une autre voix.» (T.-S. Eliot, Quatre Quatuors)
Bonne Année, 2017. Vive l’Afrique !
Amina Mohamed
(*) Ministre des Affaires étrangères du Kenya et candidate au poste de présidente de la Commission de l’Union africaine
Comment (26)