Le néocolonialisme à nos portes
Par R. Mahmoudi – Le Sommet France-Afrique qui se tient actuellement à Bamako tourne à une sorte de soliloque dans lequel le président français, en fin de mandat, François Hollande, veut à la fois glorifier le rôle postcolonial – ou néocolonial – de son pays dans ce continent et justifier ses multiples échecs. Un exercice auquel il s’est adonné sans trop de conviction parce qu’il sait qu’avant d’assurer son avenir en Afrique et dans le monde la France doit d’abord surmonter ses propres obstacles, nombreux et épineux : le spectre du terrorisme qui l’astreint au prolongement de l’état d’urgence, la montée des ultraconservateurs et de l’extrême-droite, les problèmes d’intégration et d’identité, la crise financière, etc. Il sait surtout que son plan risque d’être remis en cause demain par son successeur, lequel viendra sans doute avec une autre façon de faire et d’autres priorités.
D’un côté, en prévenant que l’armée française restera encore longtemps au Mali, Hollande met à nu tous les mensonges de son gouvernement et de son ministre de la Défense qui a toujours claironné que l’opération dite «Serval», lancée en 2012 au Nord-Mali, était un succès et qu’il faille désormais étendre la présence militaire française et internationale dans tout le pourtour du Sahel, en suggérant même la possibilité d’intervenir en Libye, à partir du nord du Tchad. Or, face à la réapparition des groupes armés, y compris ceux affiliés à Al-Qaïda dans des villes comme Gao ou Kidal, et au nombre croissant d’attaques ciblant les unités françaises depuis quelques semaines, ce redéploiement s’est avéré aussi inefficace que coûteux.
De l’autre côté, cette décision, prise de façon tout à fait unilatérale, est une façon de mettre à contribution d’office les économies locales dans cet effort de guerre qui reste à évaluer. D’ailleurs, à cette occasion, les Français ont émis le «souhait» que cet effort soit comptabilisé dans l’«aide au développement» qui est destinée aux pays les plus pauvres ou les plus assujettis aux injonctions de Paris.
Que font ces pays pour s’en affranchir pour, enfin, se prendre en charge ? Parce que cela va, d’une façon ou d’une autre, peser sur l’Algérie.
R. M.
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