Benflis : «Le boycott des législatives aurait été un cauchemar pour le pouvoir»
Le président de Talaie El Houriyet, Ali Benflis, aurait préféré que toute l’opposition boycotte les prochaines législatives. Dans un entretien paru aujourd’hui dans le quotidien Le Soir d’Algérie, Ali Benflis a affirmé que «la non-participation généralisée de l’opposition aux élections aurait été pour le pouvoir un véritable cauchemar». Mais, pour lui, le choix de chaque parti de l’opposition demeure respectable. L’ex-candidat à la magistrature suprême a évoqué ceux qui ont qualifié de «suicidaire» sa décision de ne pas prendre part aux prochaines législatives.
Pour lui, il est encore tôt pour prédire l’impact de cette décision sur le parti. «Le temps finira par dire si notre décision procédait d’un bon ou d’un mauvais choix. Laissons donc le soin au temps de trancher. Mais je tiens, néanmoins, à dire que ceux qui se sont adonnés à un tel pronostic ne connaissent pas notre parti et qu’ils ont à son propos une grille de lecture déformante ou déformée», a-t-il souligné, en rappelant que son parti a clairement et nettement affiché son orientation politique en se déclarant et s’affirmant comme un parti d’opposition. «Il n’a ni caché ni flouté son identité ou sa ligne politique», a-t-il poursuivi.
Le président de Talaie El Houriyet a exclu l’idée selon laquelle il parie sur l’effondrement du système politique. «Ce n’est pas mon genre ni mon éthique. Je n’ai pas une conception cynique de la politique. Je ne cache aucun jeu et j’avance toujours à visage découvert. Un pari de ma part sur l’effondrement du système serait un pari insensé. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans la situation de fragilité et de vulnérabilité extrêmes dans laquelle se trouvent l’Etat et ses institutions, un tel effondrement entraînerait avec lui le pays tout entier. L’Etat national est la prunelle de nos yeux et il serait irresponsable pour qui ce soit d’entrevoir pour lui, même en pensée, un pareil sort», a-t-il soutenu.
Pour l’ancien chef du gouvernement, le changement recherché et espéré par son parti est celui qui interviendrait dans le calme. «Nous voulons le changement, oui, et nous le voulons de toutes nos forces. Nous voulons le renouveau, oui, et nous continuerons à le revendiquer avec la dernière énergie. Mais ce changement et ce renouveau nous les voulons dans l’ordre, dans l’apaisement, dans l’entente et de manière graduelle. Je fais personnellement un rejet intellectuel – et j’allais dire même physique – aux théories de la régression régénératrice ou du chaos créateur. Je ne pourrai jamais croire que de la régression puisse sortir quoi que ce soit de régénérateur ; et je ne pourrai jamais croire que le chaos puisse produire quoi que ce soit de créateur. Pour moi, la régression tue même l’idée de progrès et le chaos est synonyme de destruction et non de création», a-t-il martelé.
Ali Benflis a affirmé que «la préservation d’un Etat est une affaire trop sérieuse pour être un jeu de dés». L’ex-candidat à la présidentielle a souligné que le combat de son parti concerne en premier lieu «l’impasse» et «le statu quo» politique qui condamne le pays à la régression. «Toutes les critiques passent sur notre régime politique comme une goutte d’eau sur un nénuphar ; sauf les critiques liées à l’impasse politique, car c’est là où le bât blesse. L’impasse politique signifie que le pouvoir politique en place ne remplit pas ses tâches et que les affaires de la nation sont en jachère. Il peine à convaincre qu’il maîtrise la gestion de ces affaires et qu’il règle les problèmes. Il ne peut plus cacher la réalité qui se dévoile à nos yeux jour après jour», a-t-il ajouté, en exprimant sa ferme conviction que «les effets ravageurs de cette impasse politique et sur les dangers réels qu’elle fait peser sur la pérennité de l’Etat national».
Sonia Baker
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