Zitouni : «Nous n’abandonnerons pas les crânes de nos martyrs»
L’affaire des crânes de martyrs algériens qui se trouvent toujours exposés au Musée de l’Homme en France est loin d’être classée. Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé aujourd’hui que l’Algérie n’a pas abandonné les efforts diplomatiques visant à rapatrier ces crânes.
Dans une déclaration à la presse en marge de la distinction des lauréats du prix du 1er Novembre 1954, le ministre des Moudjahidine a assuré que «l’Algérie poursuit ses efforts à travers ses canaux diplomatiques pour la récupération des crânes de ses martyrs conservés au Musée de l’Homme en France». Zitouni a souligné que le travail des commissions conjointes se poursuivait toujours sur les dossiers de la mémoire, notamment les archives et les victimes des essais nucléaires, dans l’espoir que chacun puisse bénéficier de ses droits. Tayeb Zitouni avait assuré, en juin dernier, que cette affaire «est prise en charge» au plus haut sommet de l’Etat. «Nous œuvrons actuellement en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères pour une prise en charge optimale de cette question dont l’histoire remonte à plus d’un siècle», avait-il affirmé.
Du côté français, on se montre très prudent. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères s’était contenté de rappeler sa déclaration du 30 septembre 2016, selon laquelle il y avait «un dialogue étroit avec les autorités algériennes sur toutes les questions de mémoire» et cette question des crânes s’inscrivait dans ce dialogue. Il avait également fait référence à la loi du 18 mai 2010 sur la restitution selon laquelle qu’il doit y avoir une demande officielle de restitution de la part des autorités algériennes, préalable à un travail scientifique d’identification sur les demandes formulées. «C’est dans ce cadre qu’ont lieu les échanges au sujet des restes de combattants algériens tués pendant la conquête de l’Algérie et conservés au Musée de l’Homme à Paris», avait-il affirmé, en précisant que ce travail se fait dans un climat de confiance avec les autorités algériennes.
Interrogé il y a quelques mois sur le sujet, Ahmed Ouyahia, en sa qualité de secrétaire général du RND, avait dit qu’il était «préférable» que ces crânes restent en France pour «servir la mémoire de l’Algérie sur place». Des propos qui avaient été interprétés comme un manque de volonté des gouvernants de «récupérer» ces crânes.
Les crânes à restituer sont ceux de résistants algériens du début de la colonisation française. Ce sont les crânes secs qui appartiennent, entre autres, à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif «Boubaghla», Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaatchas, dans la région de Biskra en 1849, Moussa El-Derkaoui et Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. On parle aussi de la tête momifiée d’Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Chérif Boubaghla, qui fait partie du lot à restituer, outre le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’Emir Abdelkader.
Sonia Baker
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