L’attentat sanglant de Gao prouve l’échec de l’intervention militaire française au Sahel
Les interventions militaires françaises au Sahel n’ont en rien réduit les capacités de nuisance de la kyrielle de groupes terroristes qui pullulent dans la région. Quatre ans après le déploiement au Sahel des troupes françaises, qui comptent 3 500 soldats, la menace terroriste est toujours bien présente avec des attaques régulières. Il est vrai que les terroristes ont été chassés des principales villes du nord telles que Tombouctou et Gao. Le manque de sécurité sur les routes et dans l’immense espace désertique au nord du pays est toutefois manifeste. L’attentat kamikaze de ce matin contre un camp militaire à Gao qui a fait une cinquantaine de morts montre même, si besoin est, qu’Aqmi, Ançar Eddine ou encore le Mujao sont chez eux dans le nord du Mali. Et qu’ils y font la loi.
La décision du Mali, le 21 juillet dernier, de renouveler l’application de l’état d’urgence instauré après l’attaque contre l’hôtel Radisson Blue de Bamako, le 20 novembre 2015, est la preuve que la menace terroriste est toujours présente. Contrairement à l’optimisme affiché par le gouvernement français, le gouvernement malien a compris que les groupes armés conservent toujours un pouvoir de nuisance et que l’intervention française n’a fait que modifier la carte du terrorisme dans la région. En clair, elle n’a fait que provoquer un éparpillement des groupes terroristes à travers toute l’Afrique de l’Ouest.
C’est que lorsque les troupes françaises ont débarqué au Mali, les terroristes ont compris très vite l’intérêt de se faire discrets et quitter momentanément le nord du Mali. Et plutôt que d’affronter de face les troupes de l’opération Serval et puis celles de l’opération Barkhane, ils ont préféré multiplier les coups d’éclat avec des attaques suicides et la pose de mines au bord des routes. Ils ont également élargi leur champ d’action aux autres pays de l’Afrique de l’Ouest.
Il est facile de le remarquer, les pays de la CEDEAO sont secoués depuis quelque temps par de sanglants attentats qui menacent de déstabiliser une région déjà meurtrie par les exactions de Boko Haram. Barkhane a, certes, permis de mettre hors de combat plus de 200 terroristes mais elle n’a pas empêché les groupes terroristes de se reconstituer.
Le commandant de la force Barkhane, le général Jean-François Lafont-Rapnouil, a d’ailleurs dû reconnaître récemment que son travail ne consistait plus maintenant qu’à «limiter» la menace terroriste puisqu’elle est «impossible à éradiquer» totalement. En somme, l’intervention française au Mali est globalement un échec eu égard aux importants moyens mis en œuvre et aux résultats obtenus. Face à cette situation, des sénateurs français ont soutenu la nécessité de réviser les «interventions extérieures de la France».
En des termes plus clairs, ils demandent au gouvernement français de trouver un moyen de se désengager du Sahel sans donner l’impression que la France fuit la région. Pour ce faire, certains ont proposé d’intégrer Barkhane à la Minusma.
Khider Cherif
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