Les Emiratis introduisent des gazelles en Algérie pour les décimer à nouveau
Beaucoup d’Algériens ont assurément découvert, certains abasourdis, l’annonce en grande pompe d’un «don» de 500 gazelles fait par l’émir de Dubaï, Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum. L’opération du lâchage dans la nature de ces gazelles, à Naâma, plus exactement dans la région de Ladjdar a choqué plus d’un. Ce «don» de l’émir de Dubaï a été présenté comme un acte hautement important qui participe au renforcement de la coopération entre les deux Etats, notamment en matière de protection de l’environnement. Il s’agit de deux espèces : la gazelle de Cuvier et la gazelle dorcas, comme l’a précisé le premier responsable de la direction des forêts de la wilaya de Naâma, Mohamed Youcef, qui sont depuis des années la cible de braconniers venus essentiellement des pays du Golfe. L’Etat semble satisfait de ce «don» qui permettrait, dit-on, la reproduction de la gazelle dont le nombre diminue d’année en année à cause du braconnage des émirs des pays du Golfe. Mais il n’a jamais été fait état des braconniers émiratis qui déciment la faune de notre pays avec la bénédiction de certains responsables algériens.
Et les autorités algériennes ne se sont jamais élevées contre ces braconniers, dont certains sont des membres de la famille régnante, pour leur interdire définitivement le séjour en Algérie. Depuis des années, les Algériens découvrent à travers des vidéos postées sur les réseaux sociaux, choqués et profondément en colère, les massacres de la faune commis par des dignitaires des pays du Golfe, qui obtiennent, faut-il le mentionner, des facilités de déplacement sur le territoire algérien, dans l’impunité la plus totale.
Pourtant, ce ne sont pas les dispositifs juridiques qui manquent pour interdire aux braconniers des pays du Golfe de sévir en Algérie. La loi algérienne protège en tout 73 espèces, dont l’outarde et la gazelle. L’outarde est protégée par des conventions internationales et en Algérie par le décret n°083-509 du 20 août 1983 renforcé par l’arrêté du 17 janvier 1995. La gazelle et l’outarde sont la principale cible des braconniers émiratis qui ont l’habitude de chasser dans les Hauts-Plateaux et au Sud algérien, notamment dans la région de Naâma. Et ce «don» semble être plutôt destiné à offrir de la «matière» aux braconniers qui vont trouver encore du gibier dans cette région où la gazelle devient de plus en plus rare à trouver. Quand on se soucie de la faune, on interdit le braconnage !
Sonia Baker
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