MDS : l’urgence d’éviter le piège des faux débats
Par Nadjib Touaibia – L’annonce de la participation du MDS (Mouvement démocratique et social) aux prochaines élections législatives et communales suscite un débat. D’aucuns, parmi les anciens ou actuels militants et sympathisants, contestent cette décision. «Caution au régime ! Trahison de la ligne !» crient la plupart d’entre eux.
Une chose est sûre, l’entrée sur la scène électorale d’un mouvement qui s’est distingué, durant et après la décennie noire, par sa volonté d’engager une «double rupture» avec le pouvoir corrompu et l’islamistme, soulève nécessairement des questions. Le débat est légitime.
Reste que des critiques fusent sur les réseaux sociaux qui donnent souvent lieu à des commentaires surprenants, légèrement argumentés, à des jugements à l’emporte-pièce, à des accusations injustes, voire complètement absurdes… Ces emportements ternissent l’image de ce qui reste de démocrates dans notre pays, sèment la confusion aux yeux des citoyens et donnent surtout du grain à moudre à tous ceux qui orchestrent la régression. Il est urgent d’avoir des échanges apaisés et respectueux des opinions des uns et des autres.
Les démocrates algériens, toutes tendances confondues, sont aujourd’hui confrontés à un régime totalitaire, gangrené par la corruption et dont les politiques libérales rognent un à un les acquis sociaux. Un régime qui s’est solidement installé. Il prend désormais appui sur l’islamisme pour domestiquer la société civile, la soumettre.
Que faire alors devant une telle configuration ? Attendre patiemment le Gand Soir, espérer que le pouvoir va un jour venir frapper à la porte des démocrates pour leur remettre les clés ? Se régaler de discussions de salon ?
Les dirigeants du MDS qui ont l’occasion de s’exprimer sur certaines chaînes de TV ont le mérite de mettre sur la table les questions clés de l’évasion fiscale, de l’argent sale, de l’absence de démocratie… Comment ne pas reconnaître que ce discours parvient aux citoyens, qu’il leur permet de se déterminer, de penser par eux-mêmes plutôt que de se résigner à l’acceptation du discours dominant et démagogique qui protège les intérêts de ploutocrates et autres imposteurs qui ont fait leur beurre à la faveur du terrorisme islamiste ?
Disons-le tout net : s’il peut réellement faire campagne, le MDS, ce qu’il en reste, a mille fois raison d’aller aux élections, d’aller au contact des citoyens algériens, d’établir ce lien.
Le temps est venu d’admettre qu’il n’est pas d’autre voie réaliste d’opposition que la présence à la fois dans les institutions représentatives nationales, régionales et locales et dans la société, auprès du tissu associatif progressiste, des syndicats autonomes, du monde de la culture, des médias… Et c’est à la jonction de ces deux niveaux que se construit la résistance au pouvoir dans l’Algérie d’aujourd’hui.
Le temps est venu d’occuper la moindre parcelle, aussi petite soit-elle, pour se faire l’écho des attentes des plus faibles, des plus vulnérables, des salariés, des chômeurs, de tous les laissés-pour-compte.
Les militants et sympathisants du MDS, de ce qui fut Ettahadi, le PAGS, ont enfin tout intérêt à cesser de se livrer à des règlements de comptes stériles qui font le jeu de tous les détracteurs du camp démocratique dans notre pays. Car, c’est en réalité bien de cela qu’il s’agit. Il est urgent d’enterrer la hache de guerre, de cesser de tirer dans ses rangs, de ne pas se tromper d’adversaires. Urgent d’éviter le piège des faux débats et de se rassembler.
N. T.
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