Mokri : l’appel honteux du pied
Par Kamel Moulfi – L e président du MSP, Abderrezak Mokri, s’est obligé à des contorsions ridicules pour tenter de brouiller la lecture de son message de soutien destiné à l’ancien numéro deux du FIS dissous, Ali Belhadj. Mokri veut cacher que son vrai but est de gagner ce qui reste des sympathisants de Belhadj pour renforcer l’électorat du MSP et glaner des sièges à l’APN. Il doit faire son appel du pied à la base résiduelle de Belhadj habilement et subtilement afin de montrer qu’il n’ignore pas que dans son héritage politique, le fondateur et dirigeant historique du MSP, Mahfoudh Nahnah, n’a rien laissé qui donne un quelconque fondement à une alliance entre son parti et l’ex-FIS.
Mais aveuglé par son opportunisme, Mokri va jusqu’à invoquer les principes démocratiques pour soutenir celui qui, en décrétant que la «démocratie est kofr», agit en fossoyeur de la démocratie. L’actuel président du MSP n’a pas le courage de dénoncer l’activisme nuisible de Belhadj et en même temps doit rappeler qu’il ne partage pas ses convictions. Car Mokri sait que si le MSP est contraint de se cantonner dans l’«opposition islamiste de service», il peut tout aussi bien migrer vers l’Alliance au pouvoir, autour du couple FLN-RND, si le vent souffle dans ce sens et si telle est la volonté du système avec lequel il évite de couper les ponts. Il prouve son attachement au système par sa participation aux élections législatives dont il fait la promotion, alors qu’une forte tendance à l’abstention, pour diverses raisons, semble se dessiner.
Les islamistes, qu’ils soient MSP ou partisans du rival Djaballah ou encore parmi les résidus de l’ex-FIS, ont été laminés par leurs propres parcours politiques durant les deux décennies passées, entachés pour les uns d’une participation qui les a compromis avec le pouvoir, et pour les autres, affaiblis par des luttes de leadership interminables ou, pire, discrédités par leur implication dans le terrorisme. D’une consultation électorale à l’autre, les partis islamistes n’arrivent pas à stopper leur descente aux enfers. L’idée de Mokri de recourir aux partisans de Belhadj n’est pas étrangère à cette situation critique de toute sa mouvance.
K. M.
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