Une «promotion» pour l’intersyndicale

Par Kamel Moulfi – Le gouvernement change d’attitude à l’égard des syndicats autonomes de travailleurs et les accepte à la table des discussions qui portent sur les questions sociales. On peut penser que l’intersyndicale sera présente à la réunion de la tripartite prévue en mars prochain comme partenaire à égalité avec les autres participants, et pas pour occuper un strapontin humiliant en tant qu’observateur. Ce revirement s’est imposé au pouvoir par la situation intérieure tendue dans le contexte des élections législatives qui auront lieu en mai, et certainement aussi sous l’effet de pressions externes exercées par des institutions et organisations internationales qui s’intéressent aux droits de l’Homme, notamment aux libertés syndicales.

Les mouvements revendicatifs qui secouent le monde du travail – tout indique qu’ils vont aller crescendo en 2017 – ont prouvé la représentativité des syndicats autonomes particulièrement dans le secteur difficile de la fonction publique, à travers ses branches sensibles de l’éducation et de la santé, où les conditions déjà peu reluisantes sont aggravées par la crise financière qui entraîne des mesures d’austérité inavouées, mais réelles sur le terrain, avec leur impact direct sur la population.

Le pouvoir n’a plus suffisamment d’argent pour neutraliser l’activité des syndicats autonomes au moyen de «cadeaux» offerts aux catégories sociales qui manifestent leur mécontentement. La paix sociale, indispensable pour apaiser les frondeurs, doit prendre d’autres voies et l’une d’elles, qui ne coûte rien financièrement, est la reconnaissance d’un nouveau statut aux syndicats autonomes, élevés au rang de partenaire du gouvernement qui n’était accordé qu’à l’UGTA.

Les dirigeants de l’intersyndicale n’ignorent pas qu’ils doivent cette «promotion» à leur combativité, mais ils sont également conscients du poids des facteurs conjoncturels, en premier lieu les échéances électorales qui s’annoncent sur fond de désaffection populaire à l’égard des partis politiques et avec une probabilité de forte abstention. L’intersyndicale sait, enfin, que la répression n’a jamais été exclue des pratiques du pouvoir.

K. M.