Le RND tenté par le révisionnisme ?
Par R. Mahmoudi – La dernière sortie de l’ex-ministre des Affaires religieuses et membre du bureau national du RND, Bouabdallah Ghlamallah, sur ce qu’il décrit comme étant «les vrais commanditaires» de l’assassinat du président Mohamed Boudiaf ne pouvait qu’être inspirée par son chef, Ahmed Ouyahia. Elle vise moins à rechercher la vérité sur ce crime d’Etat qu’à susciter la polémique et à déstabiliser ses adversaires politiques qui sont, faut-il l’avouer, de plus en plus difficiles à cerner. Réservant d’habitude ses attaques au camp islamiste, le RND choisit cette fois-ci de s’attaquer, indirectement, aux démocrates qui ont toujours revendiqué ce constat d’«école sinistrée», formulée la première fois par le défunt président. Que cherche le RND en s’en prenant de façon aussi frontale et vénéneuse à ceux qui se réclament de l’idéologie moderniste : se rapprocher des islamistes et de tous les révisionnistes qui, ici et à l’étranger, se réjouissent aujourd’hui de ce grave dérapage ? Le choix d’un homme de religion – Ghlamallah – pour lancer ce pavé dans la marre accrédite quelque peu cette thèse.
Quoi qu’il en soit, cette sortie iconoclaste d’un homme de main d’Ahmed Ouyahia confirme la tendance au révisionnisme au sein de ce parti, créé au milieu des années 1990 pour parer à un éventuel effondrement du FLN face à la déferlante islamiste. Ce révisionnisme patent a été entamé par Ahmed Ouyahia lui-même, en octobre dernier, en s’opposant, au nom de son parti, aux efforts déployés par le gouvernement, et notamment par le ministre des Moudjahidine pour rapatrier les ossements des résistants algériens qui sont actuellement exposés au Musée de l’Homme à Paris.
R. M.
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