Fonctionnement des clubs de foot : le ministre des Sports s’emmêle les pinceaux
Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El-Hadi, ne semble pas bien maîtriser le dossier de la professionnalisation des clubs de football. Dans sa réponse écrite à un député sur le coût exorbitant des entraîneurs de football ramenés de l’étranger pour l’équipe nationale, mais aussi pour les clubs, le ministre s’est emmêlé les pinceaux en affirmant, d’un côté, que les clubs recevaient des subventions de l’Etat et, de l’autre côté, que ces mêmes clubs sont régis par les articles du code du commerce applicables aux sociétés commerciales par actions.
Le ministre a tenté de rassurer sur le fait que les clubs de football pouvaient ramener l’entraîneur de leur choix du moment qu’il est payé par l’argent du club lui-même. Autrement dit, le ministre des Sports a affirmé que ce n’est pas l’Etat qui prend en charge les salaires des entraîneurs qu’ils soient en équipe nationale ou dans les clubs de foot. «Les salaires des entraîneurs sont couverts par les budgets des clubs. L’Etat n’a rien à voir. Même le salaire de l’entraîneur de l’équipe nationale est payé par la Fédération algérienne de football à travers ses différents sponsors privés», a souligné le ministre. Mais en même temps, Ould Ali El Hadi a précisé dans la même réponse que les clubs de football «professionnels» sont subventionnés par l’Etat conformément aux décisions issues du conseil interministériel du 21 avril 2010 consacré à la promotion du football national. Et, a-t-il indiqué, l’Etat va continuer à subventionner ces clubs de foot professionnels jusqu’à 2018.
S’ils sont régis par le code du commerce «et tout ce qui en découle en termes de gestion transparente de l’argent», comme l’a précisé le ministre, pourquoi donc l’Etat verse-t-il encore des subventions à ces clubs transformés en «sociétés sportives» qui sont censés vivre des revenus générés par leur production footballistique ? Le ministre doit bien clarifier les choses. Car rien ne peut justifier le versement de subventions (argent du contribuable) à des sociétés commerciales privées. Les contradictions relevées dans la réponse du ministre renseignent ainsi sur l’anarchie qui règne dans le secteur. La professionnalisation décidée au pied levé en 2010 tourne ainsi à une véritable mascarade. Et le grand perdant aujourd’hui, c’est le football national qui sombre dans une médiocrité jamais égalée. La preuve est que nos clubs peinent à décrocher des titres africains et notre équipe nationale enchaîne les contreperformances. A qui la faute ?
Sonia Baker
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