La réunion de l’ICSO boudée par la majorité de ses membres
Comme annoncé dans un précédent article, l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (ICSO) est au bord de l’éclatement. La réunion d’aujourd’hui s’est tenue au siège du Mouvement de la société pour la paix (MSP) sans une bonne partie de ses membres. Aucun membre du Pôle des forces du changement, coordonné par Ali Benflis, n’a pris part à cette réunion, qui s’est transformée en une «discussion» entre des membres de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD). Outre le MSP, il y avait le RCD et d’autres personnalités politiques siégeant dans cette coordination. Dans un communiqué signé par Abderrezak Makri, les participants à cette réunion ne font pas part des absents. Ils se contentent d’affirmer que le travail de concertation se poursuit au sein de l’instance, tout en précisant que la question de la participation aux législatives reste une affaire interne à chaque parti. Mais tous les observateurs considèrent que les défections constatées lors de cette réunion sont un signe avant-coureur du début de la fin de cette instance.
Au-delà des raisons avancées par chacun des membres pour justifier son absence, l’échec de cette réunion n’augure rien de bon pour l’avenir de l’ICSO. La raison de cet échec est à chercher dans les partis siégeant dans cette Instance qui n’ont pas eu tous la même position par rapport aux prochaines élections législatives. Certains, comme la formation de Benflis et celle de Soufiane Djilali, ont opté pour le boycott, les autres, plus nombreux, ont choisi plutôt de participer. S’ils sont d’accord sur la nécessité d’aller vers un changement pacifique, ces partis ne semblent pas partager la même vision de la démarche à suivre pour l’obtenir.
Les «boycotteurs», dont le parti Talaie El-Hourriyet, ne semblent pas prédisposés à apporter leur contribution dans cette élection, même si pour aider leurs «partenaires» de l’opposition qui ont choisi d’aller à cette aventure électorale aux résultats définis à l’avance. Même minoritaires, les boycotteurs des prochaines législatives refusent de se soumettre à l’avis majoritaire. Cette situation mine l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (ICSO). Aussi y a-t-il les divergences apparentes entre des membres de la CLTD elle-même.
Ainsi, la nouvelle Alliance islamiste autour d’Abdellah Djaballah ne semble plus supporter de siéger à côté de la nouvelle version du MSP d’Abderrezak Makri qui a «récupéré» un dissident de taille, à savoir Abdelmadjid Menasra, et sa formation. Aussi le RCD et le MSP ne veulent-ils plus la présence de Jil Jadid dans cette instance. Ce parti, dirigé par Soufiane Djilali, a démissionné de la CLTD pour dénoncer les «participationnistes».
Aujourd’hui, ces «participationnistes» sont majoritaires, même au sein de l’ICSO. Cela même s’il y a des partis politiques non agréés qui siègent aussi dans cette instance de concertation. Des formations qui sont beaucoup plus proches des positions de Benflis et de Soufiane Djilali que de celles du MSP, du RCD et du FJD. Toutes ces divergences et rivalités entres ses membres «plaident» pour sa disparition. Des voix, à l’instar de celle de Lakhdar Benkhellaf du FJD, n’ont pas hésité à s’interroger publiquement sur l’utilité de garder une instance de concertation entre des membres qui «n’ont plus rien à se dire».
Après deux ans d’efforts et de concertations, l’opposition, toujours divisée, semble avoir atteint ses limites et prouvé son incapacité à dépasser ses différends et ses divergences pour provoquer le changement voulu.
Sonia Baker
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