Corruption : Transparency International dégrade l’Algérie
L’Algérie a perdu 20 places dans le classement mondial de la lutte contre la corruption, selon Transparency International (TI). Sur 176 pays, elle occupe la 108e place avec l’Egypte, la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie et la Guyane, précise le dernier rapport de TI publié ce mercredi 25 janvier. En 2015, elle a gagné des points en figurant à la 88e place. Des points qu’elle a vite perdus, pour se classer aujourd’hui loin derrière la Tunisie (75e) et le Maroc (90e). La Mauritanie est, quant à elle, à la 142e, la Libye en guerre à la 170e place. L’Algérie est mal classée même par rapport à sa position de 2014 (100e).
Ce fort indice de corruption s’explique également par le niveau de corruption constaté dans les pays qui sont des partenaires importants de l’Algérie. Ainsi, la France, qui est le principal fournisseur européen de l’Algérie, est classée à la 23e place. La Chine, premier fournisseur de l’Algérie qui est également très fortement présent en Algérie notamment dans le secteur des travaux publics et du bâtiment, est à la peu enviable 79e place. La Turquie, pays avec lequel l’Algérie dispose de fortes relations économiques et commerciales, est à la 75e place. L’Italie, dont les sociétés sont très actives dans divers domaines en Algérie, figure à la 60e place ; l’Espagne, un autre partenaire de taille de l’Algérie, est à la 41e. Les Etats-Unis aussi, dont les compagnies pétrolières sont bien implantées en Algérie, figurent à la 18e place.
La dégradation du classement de l’Algérie est assurément liée au scandale des Panama Papers, dans lequel ont été citées des figures au pouvoir ou influentes en Algérie. Mais pas seulement. Les multiples affaires de corruption qui traînent encore devant la justice algérienne y sont pour beaucoup dans son mauvais classement. Ainsi, l’Algérie fait partie de la catégorie des pays les moins performants en matière de lutte contre la corruption. Pour Transparency International, il ne suffit pas d’apporter des corrections techniques aux lois luttant spécifiquement contre la corruption. «Ce qu’il est urgent de faire, ce sont de profondes réformes systémiques qui compensent le déséquilibre croissant du pouvoir et des richesses en habilitant les citoyens à mettre fin à l’impunité généralisée de la corruption, à demander des comptes aux puissants et à avoir véritablement leur mot à dire dans les décisions qui affectent leur vie quotidienne», lit-on dans ce rapport, dans lequel on estime que «ces réformes doivent inclure la divulgation par le biais de registres publics du nom des propriétaires d’entreprises, ainsi que des sanctions pour les facilitateurs professionnels qui se rendent complices de transferts transfrontaliers de flux d’argent obtenu de manière frauduleuse».
Globalement, «l’année 2016 a montré que, dans le monde entier, la corruption systémique et l’inégalité sociale se renforcent mutuellement, conduisant à une désillusion populaire vis-à-vis du monde politique et fournissant un terreau fertile à la montée des politiciens populistes».
Sonia Baker
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