Terrorisme : les contrevérités des services secrets canadiens à propos de l’Algérie
Une étude canadienne sur «le terrorisme en Afrique du Nord et au Sahel» s’est intéressée à la question de l’étendue de cette menace régionale. Il s’agit, bien entendu, comme le précise d’emblée ce document, daté de décembre 2016 – dont Algeriepatriotique a pris connaissance – des «menaces que les groupes djihadistes transnationaux actifs dans la région font peser sur les intérêts occidentaux». L’étude est basée sur les travaux d’un atelier organisé par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) dans le cadre de son programme de liaison-recherche, avec la participation de chercheurs d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient et d’Europe, dont les noms n’ont pas été cités. On y lit, dès les premières pages, à propos de l’Algérie le passage suivant : «Les moudjahidine qui sont revenus de l’Afghanistan au début des années 1990 ont créé par la suite le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), un des groupes extrémistes violents qui s’est dressé contre le gouvernement de l’Algérie après l’annulation des élections en 1991.» Rappel utile : les «afghans algériens» étaient affiliés à la branche de Massoud, dont un des agents traitants fut Bernard-Henri Lévy.
Par paresse intellectuelle, par ignorance ou par incompétence, le même raccourci est repris dans la caractérisation du terrorisme en Algérie avec, notamment, la distinction entre le GSPC et les autres groupes et dans le lien entre le terrorisme (et non l’insurrection, comme l’appelle le document) et la suspension du processus électoral. Les experts algériens ne cessent pourtant de rappeler que le terrorisme a été la forme violente extrême utilisée par les groupes islamistes pour tenter de prendre le pouvoir en Algérie et qu’ils ont, dans ce but, exploité le prétexte de l’annulation des élections (qualifiées de «démocratiques» par l’étude) pour généraliser leur action criminelle.
La violence, y compris sous la forme armée, exercée par les groupes islamistes autour de leur noyau «afghan» a commencé bien avant les élections de décembre 1991. Il est surprenant de constater qu’à propos de faits qui remontent à une vingtaine d’années et qui ont été l’objet de nombreuses recherches basées sur des témoignages de première main et absolument fiables, la confusion continue d’être entretenue sur ce qui s’est passé en Algérie. Mais il y a pire : l’étude met sur le dos de l’Algérie l’extension des groupes terroristes dans le Sahel après leur défaite – «lorsque l’insurrection a été matée, ils (les groupes terroristes) se sont dispersés dans la région» – comme s’il aurait fallu les laisser opérer dans notre pays. Ahurissant !
Par contre, l’étude passe sous silence le soutien dont ont bénéficié les groupes terroristes de la part de pays occidentaux, directement, en matière de logistique et de propagande et, indirectement, par l’embargo, en privant l’Algérie d’équipements militaires indispensables à la lutte antiterroriste. Les spécialistes jugeront si les appréciations portées dans l’étude sur les autres pays concernés sont entachées des mêmes approximations, erreurs, voire contrevérités flagrantes. Dans tous les cas, l’étude est présentée d’une manière touffue avec un fatras de constats difficiles à lire et à comprendre, entremêlant l’Afghanistan et l’Algérie puis l’Irak et la Syrie, avec le Sahel pour s’appesantir sur la Libye et le Mali.
Pourtant, si on prend le chapitre 1 de l’étude, son but est bien explicité : «Comprendre la stratégie d’Al-Qaïda au Maghreb islamique dans la région sahélo-saharienne.» Le chapitre 2 porte sur une interrogation précise : «Daech a-t-il trop présumé de ses forces en Libye ?» mais le chapitre 3 retourne à la confusion : «Al-Qaïda au Maghreb islamique continuera-t-elle de prospérer ?»
L’étude canadienne a été, de toute évidence, élaborée de façon unilatérale, c’est-à-dire à partir du seul point de vue (et des intérêts) des pays occidentaux, ce qui explique les nombreux griefs infondés, voire accusations gratuites, insinués contre l’Algérie qui a pourtant supporté le fardeau le plus lourd dans la lutte victorieuse qu’elle a menée contre le terrorisme.
Houari Achouri
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