Ghannouchi : «J’ai eu le feu vert du président Caïd Essebsi avant de me rendre à Alger»
Le leader du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, dément de manière catégorique tous ceux qui l’accusent d’exploiter l’état de faiblesse des institutions tunisiennes pour faire de la diplomatie parallèle et parasiter la politique étrangère de son pays. Dans un entretien accordé ce jeudi au site web de la chaîne Al-Arabiya, il a expliqué que ses voyages fréquents à l’étranger et particulièrement ceux qu’il effectue en Algérie ont reçu la bénédiction du président tunisien Beji Caïd Essebsi. Le chef du mouvement Ennahdha a, en outre, nié faire dans la diplomatie partisane et expliqué que son activisme à l’internationale était de la «diplomatie populaire». Rached Ghannouchi a soutenu qu’«en sciences politiques, la diplomatie populaire est menée par des partis ou des organisations de la société civile et qu’elle n’entre pas en concurrence avec la diplomatie officielle». Au contraire, dit-il, «elle vient en soutien au travail qu’accomplissent les diplomates».
En réponse aussi à ceux qui l’accusent de s’ingérer dans le dossier libyen à un moment où la Tunisie lance une initiative de paix consistant notamment à réunir dans les prochains jours les pays voisins de la Libye (Algérie, Tunisie et Egypte), le leader islamiste tunisien a soutenu que la Présidence tunisienne est aussi parfaitement au courant de ses déplacements et qu’il a rencontré le président égyptien Al-Sissi dimanche avant de se rendre en Algérie. Il a ajouté que sa dernière visite à Alger a porté pour l’essentiel sur le dossier libyen, affirmant que tous les pays de la région, en particulier les voisins de la Libye sont préoccupés par l’évolution de la situation dans ce pays.
Faisant probablement allusion aux islamistes libyens et particulièrement ceux qui s’inscrivent dans la mouvance des Frères musulmans dont il se revendique aussi, Rached Ghannouchi a signifié que la Libye ne connaîtrait pas la paix et la stabilité si certaines parties ne sont pas associées à la recherche d’une solution politique à la crise. Des parties avec lesquelles il dit entretenir des «relations». Il a assuré que l’Algérie et la Tunisie ne ménageaient actuellement aucun effort pour ramener le calme et la stabilité en Libye et réconcilier les différentes parties libyennes. Pour lui, il est important, si l’on veut éviter à la région d’être davantage ravagée, que les Libyens construisent un consensus durable.
Rached Ghannouchi, qui pendant longtemps a vécu à Alger durant la fin des années 1980, a souligné par ailleurs l’importance du rôle de l’Algérie dans la stabilisation de la région, soulignant que la relation de la Tunisie avec l’Algérie est stratégique. Selon lui, tous les Tunisiens sont en accord sur ce point. «Comme vous le savez, la politique est définie par la géographie, l’histoire commune et les intérêts communs», a-t-il confié à Al-Arabiya non sans avoir avoué son admiration pour la voie suivie par l’Algérie pour sortir de la crise.
Le chef du mouvement Ennahdha a déclaré que le principe du «consensus et de la concorde nationale» est un modèle à suivre pour résoudre les problèmes que vit le monde arabe, en particulier la crise qui secoue la Libye. «Le consensus, la réconciliation et le dialogue ont permis d’éteindre le feu de la discorde en Algérie et en Tunisie. C’est un exemple à suivre pour résoudre la crise libyenne et les problèmes du monde arabe, comme les cas syrien et yéménite», a plaidé encore Rached Ghannouchi.
Khider Cherif
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