Les averses dévoilent l’incurie

Kamel Moulfi – Là où l’incurie marque fortement la gestion locale, elle a été mise à nu par les dernières averses : inondations, trottoirs défoncés, boues et flaques partout. Les pluies agissent comme un révélateur du piteux état de la voierie. Dans cette situation, la circulation automobile autant que celle des piétons deviennent un problème difficile à résoudre pour chacun. Le stress provoqué par les multiples tracasseries quotidiennes, inutiles mais créées artificiellement par des services publics défaillants, est aggravé en période d’intempéries.

Les BMS (bulletins météorologiques spéciaux) qui ont une fonction préventive ne servent pratiquement à rien dans la mesure où les autorités locales savent où sont les points noirs à corriger, mais n’interviennent pas ou alors entreprennent des travaux dont les malfaçons sont vite dévoilées par les averses suivantes. Le tapage pour divertir et le clinquant pour tromper, poussés – consciemment par cynisme ou involontairement par incompétence – jusqu’au ridicule et à l’absurde, n’ont plus d’effet sur la population, au contraire, ils rendent visible avec plus de netteté la mauvaise utilisation des deniers publics, c’est-à-dire l’argent du peuple, alors que la «rationalisation des dépenses» (un euphémisme, pour ne pas dire austérité) peut toucher même les médicaments.

Autre indice inquiétant : les incendies «accidentels» sont trop fréquents. En quelques jours, il y a eu des sinistres à Alger, au niveau d’un dépôt d’appareils électroniques au Palais des expositions (Pins maritimes) ; à Souk Ahras, où un commerce d’appareils électroménagers a été ravagé par les flammes et à Ben Aknoun (Alger), avec la destruction d’un chalet à deux niveaux dans la résidence universitaire des jeunes filles. Heureusement, sans faire de victimes, mais avec des dégâts considérables.

Les capacités humaines dans la prévention sont visiblement insuffisantes, particulièrement dans les services communaux qui en sont chargés. Le sentiment d’impunité qui baigne les responsabilités à tous les niveaux, et encore plus à l’échelon local grâce aux interférences créées par les protections liées au clientélisme politique et d’affaires, n’est pas fait pour arranger les choses.

K. M.

Comment (3)

    Laetizia
    27 janvier 2017 - 14 h 47 min

    les pluies dévoilent l’incompétence !
    Tout d’abord, je tiens à vous féliciter pour cet article courageux qui dénonce les multiples chantiers de travaux publics et privés bourrés de vices cachés et/ou visibles au grand jour méprisant superbement la réglementation de l’urbanisme, et dont nous subissons en silence les multiples nuisances depuis fort longtemps. Ainsi pendant que certaines infrastructures publiques tout à fait viables sont massacrées pour on ne sait quelle raison ( ?), de nouvelles infrastructures (comme celles rendues nécessaires par l’accroissement des véhicules) qui ne répondent à aucune norme en la matière, sont érigées avec force inaugurations en fanfare et budgets à faire pâlir l’éducation et la santé !!! Les innombrables défauts de réalisation et de conception des routes notamment sont juste hallucinantes de médiocrité ! récemment encore, la nature les a démasqués ces soit disant entreprises avec qualification « 4étoiles » qui fabriquent des routes sans exutoires d’eaux pluviales, mal nivelées et j’en passe ! Dans ce même registre de travaux sauvages, des chantiers se permettent même le luxe de détruire effrontément des infrastructures publiques, les trottoirs en l’occurrence (en créant de véritables précipices), mais aussi les plantations ou encore les conduites d’eau pluviales et même celles d’eau potable dans l’impunité la plus (quasi) totale pour faire ériger des gourbis aussi arrogants que laids! loin de moi l’idée de tout ramener à ma modeste personne, mais j’ai pu constater que ce que j’observe dans mon quartier se retrouve dans toute la capitale et probablement dans toutes les villes de notre cher pays. Ainsi la sécurité du piéton (qui se trouve obligé de marcher sur la chaussée), l’embellissement pensé et soigneusement élaboré de notre capitale, se voient littéralement foulés au pied par des personnes sans scrupules se croyant tout permis ! Alors à quand un tollé général contre l’anarchie et la médiocrité des constructions à l’image de celui provoqué par l’élimination de notre équipe nationale de football ?

    Djamel BELAID
    27 janvier 2017 - 7 h 35 min

    Averses et aménagement
    Les inondations sont liées aux pluies torrentielles propres au climat méditerranéen. Mais, il est vrai qu’elles dénotent des dysfonctionnements dans notre façon d’aménagement du territoire. En matière agricole beaucoup peut être fait afin de réduire le ruissellement et favoriser une meilleure infiltration des pluies dans le sol. – 1 ABANDONNER LE LABOUR: L’une de ces méthodes est l’abandon du labour et la pratique du semis-direct. De nombreuses études montrent que le sol absorbe alors mieux les pluies. L’explication vient notamment de l’activité des vers de terre dont les galeries sont autant de voies pour la circulation de l’eau dans le sol. – 2 – L’EPANDAGE DES CRUES: Une autre solution développée par le Haut Commissariat au Développement Steppique est la construction de barrages (CED) pour l’épandage de crues. – 3 – DES HAIES EN BORDURE DE CHAMPS: D’autres solutions comme la plantation de haies en bordure de champs pourraient être encouragées. Ainsi, dans les zones les plus fragiles (pentes, bassin versant de barrages) les agriculteurs devraient pouvoir recevoir des subventions pour la plantation de haies. – 4 – EN CONCLUSION: sachons tirer la leçon des derniers évènements climatiques. Les techniques sont nombreuses (comme la recharge artificielle des nappes phréatiques), il est temps de réunir techniciens, populations locales et autorités afin d’adopter les solutions les plus adaptées.

    Rascasse
    26 janvier 2017 - 20 h 07 min

    À part le foot et le Maroc
    À part le foot et le Maroc plus rien ne choque les Algériens, aucun post pour cette article, drôle de civisme drôle d’éveil politique

Les commentaires sont fermés.