Nouveau diagnostic du FMI : la dette grecque est «explosive»
Le FMI juge la dette grecque actuellement «intenable» et «explosive» sur le long terme et appelle la zone euro à proposer des mesures d’allègement «plus crédibles», selon un rapport confidentiel de l’institution obtenu vendredi par l’AFP.
Ce sombre diagnostic compromet pour l’heure la participation financière du Fonds monétaire international au 3e plan d’aide accordé à la Grèce par les Européens en 2015, malgré l’insistance de l’Allemagne.
«La dette grecque est totalement intenable. Même avec une application pleine et entière des réformes approuvées dans le cadre du programme (d’aide, ndlr), la dette publique et les besoins de financement vont devenir explosifs sur le long terme», écrit le FMI dans ce rapport qui doit être présenté à ses Etats membres début février.
Sans mesures d’allègement, la dette grecque devrait ainsi atteindre 275% du produit intérieur brut du pays, indique le rapport.
Selon ses règles internes, le FMI, qui a participé aux deux précédents plans d’aide à la Grèce en 2010 et 2012, ne peut accorder de prêts à un pays que s’il juge sa dette soutenable avec un fort degré de probabilité.
Ce rapport risque donc de faire des remous en Europe où plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont fait de la participation financière du FMI une condition sine qua non du renflouement de la Grèce.
Le rapport obtenu par l’AFP ne tranche pas la question mais il appelle l’eurozone à en faire beaucoup plus pour alléger la dette grecque et permettre au FMI de participer au plan d’aide.
La zone euro rechigne à alléger à nouveau la dette grecque et a reporté toute mesure à la fin du programme actuel en 2018. «Pour apporter plus de crédibilité à la stratégie de la dette pour la Grèce, plus de détails seront nécessaires sur la nature et l’ampleur de l’allègement de la dette», tacle le rapport.
Dans ce document, le FMI appelle la zone euro à prendre des mesures précises qui risquent d’être fraîchement accueillies en Allemagne, notamment l’extension des maturités des prêts jusqu’en 2070 et le prolongement de la période de grâce sur les remboursements jusqu’en 2040.
Toutefois, prévient le Fonds, si Athènes n’applique pas les réformes demandées par ses créanciers, la viabilité de la dette ne sera «pas garantie» même avec ces mesures d’allègement drastiques.
R. E.
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