L’arbre de tous les dangers
Par Samia Ziriat-Bouharati – L’échec de l’équipe nationale à la dernière Coupe d’Afrique des nations de football a mis à nu tous les déserts cachés par un arbre. C’est un bel article d’un journaliste sur la défaite de l’équipe nationale qui m’a inspiré. Il s’intitulait : «L’arbre qui cache le désert». Il n’y’a pas très longtemps, je voulais écrire au sujet du Salon international du livre, qu’on appelle communément le Sila, et justement utiliser l’expression «l’arbre qui cache la forêt» que je reformule autrement.
On mise tout sur un évènement, on l’annonce en grande pompe, une médiatisation à outrance : un Salon du livre, des festivals, de la bande dessinée, de la jeunesse, des semaines culturelles… En même temps, dans nos bibliothèques sans âme, sont déversées des tonnes de livres, importés, payés par la rare devise de la rente pétrolière, des livres que personne ne lit, au Salon du livre viennent joyeusement des éditeurs belges, français et autres vendre des centaines, des milliers de livres.
Finalement, et à bien y réfléchir, nos joueurs de la sélection nationale auraient pu être issus d’écoles de football algériennes, des stades des quartiers populaires, de Kouba, d’Hussein-Dey, de Bab El-Oued, de Bourouba, cette équipe de football aurait pu être dirigée par un coach local, aussi performant, aussi compétent que n’importe quel entraîneur ramené de l’étranger. Elle aurait pu remporter la Coupe d’Afrique et même la Coupe du monde.
Si les échecs de la vie servent, c’est tant mieux ; ils enseignent même et renforcent la détermination.
Que des écoles de football fleurissent ici et là pour former l’équipe du futur aux couleurs tricolores, c’est toujours possible. Qu’on ouvre partout des écoles de loisirs – gérées par des associations de quartier, qu’on ne demande pas tout à l’école, car c’est aux parents de s’impliquer – qui servent à l’apprentissage et à l’initiation à la lecture, aux arts, au dessin, au chant, au solfège, aux chorales, à la poésie et même à la philosophie. En Corée, c’est en maternelle que ceci commence. C’est ce qu’on appelle construire les fondations pour l’avenir d’une nation, dans la culture, dans le sport, et tout est possible, c’est ce que la Révolution algérienne et son miracle qui nous a mené à l’indépendance nous ont appris.
Mais les temps ont changé. C’est aux individus que la mission aujourd’hui incombe : prendre son avenir et celui de ses enfants en main – on n’attend pas que cela tombe du ciel – pour voir ses enfants devenir demain des génies, des sportifs de renommée, des artisans ou des artistes.
S. Z.-B.
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