Maroc : des milliers de manifestants pour dénoncer la corruption
Alors que le roi Mohammed VI est actuellement en train de se pavaner dans les salons de la capitale éthiopienne où se déroule le 28e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, les rues du royaume bouillent telle une cocotte-minute. Plusieurs milliers de militants et d’enseignants stagiaires en lutte depuis des mois contre le gouvernement, soutenus par de nombreux syndicats des travailleurs, ont manifesté ce dimanche à Rabat pour exprimer leur «ras-le-bol contre la corruption et la gabegie des deniers publics» par le gouvernement.
Une seconde manifestation a eu lieu devant le Parlement, où deux mille à trois mille enseignants stagiaires sont venus défendre la cause de 150 d’entre eux récemment recalés à une épreuve d’admission dans la fonction publique. Ce conflit avec le ministère de l’Education dure depuis mi-2015. Il concerne la fin de l’intégration automatique des professeurs stagiaires dans la fonction publique et la réduction de leur bourse. Il avait été en partie résolu avec la signature d’un accord en avril avec le gouvernement. Les autorités marocaines n’ont cependant pas tenu leurs engagements de recruter 10 000 nouveaux fonctionnaires.
C’est la seconde fois en moins d’un mois que les enseignants marocains battent le pavé. Las de promesses non tenues, des jeunes diplômés avaient menacé au début du mois de s’exiler massivement en Algérie dans le cas où le gouvernement ne resterait pas sur ses engagements. La menace avait émané du Conseil national des cadres pédagogiques dont les adhérents avaient été empêchés d’organiser à Casablanca une manifestation de protestation.
Ce n’est pas la première fois que des Marocains menacent de s’exiler en grand nombre en Algérie. Ces appels sont même récurrents. Dans les faits, beaucoup ont mis à exécution cette menace. Selon certains chiffres, plus de 100 000 Marocains vivent actuellement en Algérie. Nombre d’entre eux travaillent dans les secteurs de l’agriculture et du bâtiment.
Malgré les importantes sommes d’argent investies pour acheter le silence des médias occidentaux, le Makhzen éprouve de plus en plus de mal à cacher la situation sociale chaotique du royaume et la colère des Marocains. Depuis les manifestations d’Al-Hoceima en octobre dernier, les syndicats de chômeurs battent régulièrement le pavé dans la plupart des villes marocaines pour demander du travail ou tout simplement du pain. Le moins que l’on puisse dire est que le roi Mohammed VI est assis sur une véritable bombe sociale qui risque de faire vaciller son trône à tout moment, surtout que les autorités marocaines paraissent bien incapables de satisfaire les revendications mises en avant.
K. C.
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