Diplomatie marocaine : un aveu de défaite
Par Diaspora Saharaui – Il y a trente-trois ans, le Maroc a quitté l’OUA en lui souhaitant «bonne chance avec son nouveau partenaire», allusion faite à la République arabe sahraouie démocratique.
Aujourd’hui, les responsables marocains ont effectué un revirement de 180 degrés dans leur décision et choisi de s’asseoir dans l’Union Africaine aux côtés du «partenaire» qu’ils ont foui dans le passé. Ce revirement doit, certainement, avoir de fortes raisons. L’AFP, toujours prompte à relayer la propagande du régime marocain, invoque la raison économique. Faux ! Tous les pays africains sont prêts à signer des contrats économiques avec le Maroc, même s’il n’est pas membre de l’organisation panafricaine.
Le problème n’est pas économique mais politique, le Maroc ayant constaté que la politique de la chaise vide n’est pas payante dans la stratégie mise par Rabat pour combattre le rôle de plus en plus important de l’UA et le soutien de plus en plus solide apporté par celle-ci au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Selon une note confidentielle de la diplomatie marocaine rédigée le 12 août 2014, le Maroc «a pu se positionner en tant qu’acteur important dans l’agenda africain, à la fois sur le plan bilatéral, sous régional et par rapport aux partenaires internationaux de l’Afrique».
Suivant le type de partenariat, la note établit trois cercles. Le premier constitué par le Sénégal, la Cote d’Ivoire, la Guinée et le Gabon, «devrait servir de modèle au renforcement des liens avec les pays qualifiés de deuxième cercle : le Burkina Faso, le Niger, le Togo, le Bénin, le Tchad, la RDC, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Congo, les Comores et la RCA».
«Le troisième cercle est constitué de pays avec lesquels notre pays dispose déjà d’un socle assez solide de relations qu’il convient de renforcer et de diversifier et de pays offrant de réelles et prometteuses perspectives de développement de relations politiques et économiques. Il s’agit de la Gambie, de la Guinée Bissau, du Cap Vert, du Liberia, de la Sierra Leone, de Sao Tomé et Principe, de Djibouti, de l’Erythrée, du Burundi, du Ghana, du Kenya, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles», ajoute la note.
«Un quatrième cercle est constitué de pays qui offrent des perspectives encourageantes soit sur le plan politique, soit sur le plan économique qu’il conviendrait d’exploiter. Il s’agit de l’Angola, de l’Ethiopie, du Rwanda et de la Tanzanie», souligne la même source.
Pour les stratèges marocains, «au plan politique, la CEN-SAD est la seule et unique organisation qui offre un espace d’ouverture régionale à notre pays. Cette organisation, qui regroupe vingt-quatre pays africains dont la majorité appartient à la zone saharo-sahélienne, constitue le cheval de Troie de notre pays pour s’imposer dans la zone saharo-sahélienne et faire échec aux manœuvres de l’Algérie visant à exclure le Maroc des processus concernant cette zone stratégique. Il est impératif de sauvegarder l’existence de cette organisation, de l’investir et d’en faire un instrument de renforcement du positionnement du Maroc sur toutes les thématiques intéressant le continent».
D’après Jeune Afrique, «la diplomatie marocaine menée par Salaheddine Mezouar entend être un des moteurs de la Cen-Sad. Objectif : contrer le rival algérien et préserver les intérêts du Maroc au Sahara Occidental».
Deux ans après, les décideurs marocains se sont rendu compte que leur stratégie n’a rien apporté à leur souhait d’atténuer leur isolement dans le continent africain, en particulier depuis que l’action de la Commission africaine est devenue de plus en plus décisive, notamment dans la question du Sahara Occidental.
Ainsi, le retour du Maroc à la famille africaine est un aveu d’échec de sa diplomatie, en dépit des millions de dollars dépensés en lobbying.
C’est cet échec que les autorités marocaines tentent de dissimuler avec ce tapage médiatique. Cependant, le vacarme soulevé par les agissements marocains a remis au premier plan la question du Sahara Occidental, qui dure, désormais, depuis quatre décennies.
D. S.
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