Ces groupes d’extrême-droite qui menacent la sécurité des musulmans au Québec
Une mosquée a été vandalisée hier à Montréal. Il est clair que cet acte n’est pas isolé, son rapport direct avec une montée de la xénophobie sans précédent dans ce pays est évident. Le Québec n’est plus une contrée au-dessus de tout soupçon en matière d’islamophobie. Cela peut paraître soudain, mais en réalité, l’évolution vers un climat de haine à l’égard des musulmans a commencé depuis des années. «Au Québec, l’islamophobie a été tranquillement distillée depuis une dizaine d’années à travers une certaine presse et des projets de lois qui visaient directement la communauté musulmane», explique le docteur Ahmed Bensaâda, enseignant et auteur qui vit au Québec depuis près de trente ans.
Les marques d’hostilité et de discrimination se sont multipliées : tête de porc devant une mosquée, bannière insultante au-dessus d’une autoroute, crachats sur des femmes voilées, arrachages de voile, propos haineux dans des radios… «Chaque fois que je monte dans l’autobus, le chauffeur écoute ces radios, j’entends des propos qui méprisent ma communauté», a observé un musulman du Québec. Après l’attentat perpétré à la mosquée de Sainte-Foy, dimanche soir, les événements risquent de s’accélérer encore plus. Cette escalade n’est pas exclue par les autorités, comme le prouve la consigne d’assurer une présence policière pour la surveillance des centres islamiques utilisés généralement en tant que lieux de culte.
L’indicateur du degré de gravité de la situation sera fourni par le temps que durera cette surveillance et le nombre de policiers qui y seront affectés. Sur les 36 millions d’habitants au Canada, il y a 1,1 million de musulmans, dont plus de 200 000 résident au Québec. Il y a de quoi constituer une communauté et c’est ce qui donne prétexte à l’extrême-droite, encouragée par les courants xénophobes et islamophobes dans d’autres pays, pour créer un mouvement de rejet à l’égard des immigrés issus de pays musulmans. Les travaux d’agrandissement de mosquées (le plus souvent avec un financement saoudien) sont systématiquement perçus comme des signes d’«invasion musulmane» du Québec, même si dans ce pays, où des règlements interdisent les haut-parleurs à l’extérieur, le minaret n’est pas bruyamment utilisé pour appeler à la prière. En fait, insistent certains observateurs, ce n’est pas l’islam comme croyance qui fait problème, mais la doctrine politique et juridique que veulent imposer les islamistes, en totale contradiction avec les valeurs du Canada qui font d’ailleurs que c’est une terre d’accueil choisie par de nombreux musulmans pour s’y établir et vivre dans la liberté, la sécurité et la tranquillité.
Au Québec, les groupes d’extrême-droite – aux noms significatifs : la Meute, les Justiciers du peuple et Atalante Québec – s’affichent de plus en plus ouvertement en public, notent les spécialistes qui s’intéressent aux manifestations de violence et de radicalisation (Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, CPRMV). Il faut s’attendre, d’ailleurs, à ce que le phénomène de radicalisation évoquée à propos des groupes terroristes djihadistes touche maintenant les jeunes racistes du Québec et s’étende aux extrémistes partisans de l’indépendance. Selon les médias canadiens, qui citent le CPRMV, le Québec compte quelque 25 groupes d’extrême-droite qui ont une «idéologie qui tourne autour de la question identitaire». Leur discours porte sur la question de l’immigration, car ils pensent que l’identité québécoise est menacée.
Le Canada a-t-il changé ? D’une façon générale, les observateurs ne manquent jamais de souligner que les Canadiens ne sont pas connus pour être racistes ou islamophobes, mais plutôt accueillants. Les faits d’islamophobie dans ce pays prouvent que l’influence extérieure négative commence à avoir un impact.
Houari Achouri
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