La diaspora algérienne et les législatives de 2017
Par Abdelkader Raffed – Intervenant dans un contexte nouveau, marqué par la nouvelle Constitution et son très contestable et contesté article 51 ainsi que la loi d’exclusion des membres de la communauté du champ politique national qui en a découlé, quelle importance revêt désormais une représentation de celle-ci dans la future Assemblée ? A la faveur des débats ayant eu lieu au sein de l’Assemblée populaire nationale, laquelle a été invitée à «se prononcer» sur le projet de loi excluant les binationaux de certaines fonctions de l’Etat, on avait assisté à un véritable déchaînement contre la diaspora et ses enfants ; certains élus n’ont pas hésité à plaider pour leur mise à l’écart totale, en proposant d’élargir le nombre des postes auxquels ils ne peuvent prétendre.
Devant une telle situation qui allait déraper vers une grave discorde et porter atteinte à l’unité nationale, le gouvernement, s’étant aperçu qu’il venait d’ouvrir une véritable boîte de Pandore, avait vite fait de circonscrire le feu, en mettant fin aux débats, et signifier sa détermination à ne pas répondre au délire de ces zélés du nationalisme bête et méchant et autres adeptes du monopole du patriotisme.
C’est ainsi qu’on a vu le ministre de la Justice, chargé de défendre la loi devant les députés, remonter au créneau pour signifier la volonté du gouvernement de ne pas aller au-delà de ce qui a été évoqué dans le projet de loi. Le ridicule ne tuant pas, ce même ministre s’est permis de nier toute exclusion de la communauté et affirmer que l’objectif est ni plus ni moins de la défendre !
Dans cette passe d’armes, où étaient les députés de la communauté ?
Certes, nous avions su que certains avaient timidement protesté, notamment les indépendants. Mais le reste, membres des formations politiques à l’APN ? Leurs voix sont restées inaudibles et ils ont fini par se ranger à l’avis de leurs partis respectifs, particulièrement ceux de la majorité, sacrifiant ainsi sur l’autel de la discipline partisane les intérêts de la communauté qui leur a permis de devenir «ses représentants». Aujourd’hui, ces mêmes personnes, derrière la bannière de leurs partis, viendront-ils solliciter les voix de la communauté, sans gêne, comme si de rien n’était ?
Quand on sait que la loi limitant l’accès aux postes a créé au sein de l’APN un double collège, en interdisant à d’éventuels députés de la communauté d’accéder au perchoir, il y a de quoi faire se retourner dans leurs tombes nos valeureux chouhada. Avec ces murs dressés devant les enfants de la diaspora par leur propre pays d’origine d’une part, et un manque flagrant de politique à l’endroit de la communauté, comme c’est le cas pour d’autres diasporas, la participation à de telles consultations est complètement vidée de son sens, et ne servira qu’à résoudre les cas sociaux des prétendants à la députation.
La communauté mérite plus d’égards, au nom de l’Histoire et de l’éthique morale et politique que contiennent les fondamentaux sur lesquels repose la nation algérienne dont elle fait partie intégrante. Et elle n’est pas près de renoncer à ce statut, héritage de siècles de luttes de ses aînés.
Abdelkader Raffed
Président de l’Alliance des associations des Algériens de France (Anaaf)
Ndlr : Les idées et opinions exprimées dans cet espace n’engagent que leurs auteurs et n’expriment pas forcément la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
Comment (27)