Politiques et médias français noient les scandales en amplifiant un fait divers
L’attaque au couteau dont a fait l’objet ce matin un militaire français à proximité du Louvre fait déjà les choux gras de la presse française. C’est le cas notamment de la presse de droite qui considère l’affaire comme une occasion inespérée pour réduire la pression sur François Fillon, le candidat des Républicains à la présidentielle, qui actuellement est empêtré dans de sérieux problèmes. Les investigations n’ont pas encore commencé que plusieurs titres parlent déjà d’«attaque terroriste». D’autres s’emploient avec méthode à mettre en place un climat de terreur dans Paris, histoire de renverser l’ordre des priorités des Français. Pour accentuer le sentiment d’anxiété et de frayeur qui s’est emparé des Parisiens, certains journaux se sont mis à parler d’attaque à la machette et d’appels au «djihad». C’est le cas, par exemple, du site internet de RTL qui soutient avec assurance qu’«un homme a agressé à la machette un militaire à proximité du Carrousel du Louvre, ce vendredi 3 février» et qu’«il s’agirait d’une attaque terroriste». D’autres médias affirment que le forcené a été «téléguidé de Syrie». Le procédé est rodé. Il est tellement rodé que beaucoup d’internautes sur les réseaux sociaux se disent attendre maintenant que l’on trouve… un passeport syrien dans les parages du Louvre.
Tout le monde l’aura compris, tous ces éléments entrent dans une stratégie destinée à sauver le soldat Fillon qui fait une chute libre dans les sondages à cause de ses démêlés avec la justice. Des démêlés qui vont s’aggravant. Une semaine après les révélations concernant les appointements de Penelope Fillon en tant qu’attachée parlementaire et salariée de la Revue des deux mondes, après les auditions du couple puis du suppléant Marc Joulaud, mercredi, c’est au tour de Marie et de Charles, deux des enfants de l’ex-Premier ministre, d’être inquiétés par les enquêteurs. Ces derniers ont pris la décision d’élargir leurs investigations à ces nouveaux protagonistes. Entre le 18 septembre 2005 et le 17 juin 2007, les enfants Fillon, alors étudiants, auraient touché au total 84 000 euros brut en tant qu’attachés parlementaires de leur père. L’enquête reste ouverte des mêmes chefs de détournement de fonds publics et recel.
Les soutiens médiatiques et politiques de François Fillon perçoivent évidemment cette affaire d’«attaque à la machette» comme une aubaine pour détourner les regards de l’opinion et tenter d’épargner aussi la droite d’une explosion en plein vol. La mission s’annonce toutefois très difficile. Des ténors de la droite pensent à ce propos que le sauvetage de la droite passe inévitablement par le lâchage de François Fillon. Consciente des ravages causés par «l’affaire Penelope Fillon», ils s’inquiètent en effet d’un maintien de la candidature de M. Fillon. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains d’entre eux préconisent déjà d’appeler à la rescousse Alain Juppé. En clair, terrorisme ou pas, les carottes sont cuites pour François Fillon.
Khider Cherif
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