Le double jeu de Médecins sans frontières (I)
Par S. Bensmail – Des témoins aux propos irrécusables et des analystes basant leur travail sur des enquêtes pointues et fiables montrent peu à peu le vrai visage d’ONG telles que Médecins sans frontières, MSF. Leur neutralité apparente n’est en réalité qu’un leurre puisqu’il est établi qu’elles participent, par un jeu complexe de financement, d’opérations et de propagande, à la visée et à la destruction d’Etats souverains résistant à l’hégémonie anglo-saxonne : la Syrie, l’Iran, mais avant la Libye, la Yougoslavie, l’Irak, etc.
MSF et la Syrie
Au mépris du droit international et de l’objet de ses propres statuts qui lui confère un rôle strictement humanitaire, et sous couvert d’actions déguisées en opérations humanitaires, MSF – pour ne citer qu’elle – se met volontairement au service de groupes mercenaires terroristes qui œuvrent sur le terrain syrien depuis six ans, contribuant ainsi à la génération et à la multiplication des atrocités de cette agression contre un pays souverain.
Dans l’émission télévisée Klagemauer.TV, il est expliqué :
«(…) sous couvert d’actions humanitaires, elles (les ONG) sont en fait les ‘‘mains blanches’’ de groupes n’ayant rien à voir avec le bien de l’humanité. Beaucoup, pour ne pas dire toutes, sont des instruments au service d’une cause inavouable. On peut en dire autant de certaines fondations. La maison mère de Greenpeace aux USA, celle qui donne les consignes, est financée par la fondation Rockefeller. Cela signifie que le financier a aussi son mot à dire dans les choix des campagnes d’action de Greenpeace. Nous comprenons mieux son silence sur certains évènements mondiaux, pourtant essentiels…»
Pour le commun des mortels non rompus aux arcanes de la politique étrangère des Etats occidentaux – qui réactivent leurs volontés coloniales – et au décryptage d’une actualité géopolitique présentée le plus souvent biaisée et sans aucun recul, ce triste constat paraît invraisemblable tant ces institutions ont fait croire depuis des décennies qu’elles œuvraient dans une parfaite neutralité. Entre les discours officiels de l’aide aux victimes de la guerre et des catastrophes naturelles et la réalité, un abîme apparaît désormais au grand jour.
En effet, malgré la sincérité de leurs bases, nombre d’ONG plus ou moins importantes jouent un rôle déstabilisateur :
«Ces missionnaires de la démocratie se révèlent être des anges de la mort. Les ONG occidentales sont au service des bellicismes globalistes et en rapport entre elles. Lors de renversements de gouvernements très récents dans le monde, les ONG occidentales, de pair avec divers services secrets, ont joué un rôle central en Serbie, en Irak, en Géorgie, dans les pays des printemps arabes et finalement jusqu’en Ukraine. Elles ont déstabilisé des pays bien ciblés sous le prétexte d’une œuvre missionnaire pour la démocratie. Les organisations non gouvernementales ou ONG sont des organisations privées qui n’agissent pas sous le mandat d’un gouvernement.
(…) Les ONG les plus dangereuses au monde agissent dans la hiérarchie du pouvoir et même nettement au-dessus de certains gouvernements. Elles sont ensuite entremêlées avec d’autres réseaux d’ONG influentes. Celles-ci aiment se vanter d’agir de manière privée et indépendante du gouvernement. Par exemple, des œuvres d’entraide ‘‘nobles’’ leur permettent d’avoir une profonde influence politico-économique dans des pays sous-développés.»[1]
Contrairement à l’immense majorité des médias mainstream français, par essence asservis aux politiques et aux différents lobbies de la finance et de la grande entreprise[2], des universitaires et des journalistes étrangers dignes de foi tentent d’informer l’opinion publique, tels les professeurs en sociologie reconnus Hans-Jürgen Krysmanski et Georges William Domhoff. Selon leur classement, les ONG, et en particulier celles dites «de démocratisation», appartiennent à la deuxième catégorie qui correspond à l’axe opérationnel «financements et entraînements»[3].
Ces chercheurs en citent les principales :
«Open Society Foundation
(…) Il s’agit de l’union d’ONG sous le patronat de George Soros (nom de naissance de György Schwartz). Déjà en 2003, ces ONG ont organisé et surveillé la révolution des Roses géorgienne qui a mené à la passation de pouvoir au favori américain Mikheil Saakaschwili.
La révolution Orange en 2004 en Ukraine a également été financée par les fondations de Soros. Déjà en 2011, la chaîne de télévision russe RT mettait en garde contre le fait que Soros, selon le modèle du scénario libyen, finançait un putsch imminent en Ukraine, ce qui a eu lieu en 2014 avec l’Euromaidan.
Ces fondations préparent le terrain de toutes les manières imaginables pour les agitations futures dans différents pays. Il a été récemment dévoilé qu’elles payaient 1 500 dollars par mois des étudiants macédoniens pour renverser des gouvernements.
Le National Endowment for Democracy, le NED
Dans plus de 90 pays, le NED soutient plus de 1 000 projets avec de prétendus buts démocratiques. On trouve sa signature dans presque toutes les chutes récentes de gouvernements. Les élites du NED sont truffées de membres du CFR et des représentants de très grandes multinationales qui sont aussi présents dans d’autres think tanks.
Le fondateur du NED, Allen Weinstein, le dit clairement : ‘‘Une bonne partie de ce que nous faisons aujourd’hui était fait en secret par la CIA il y a 25 ans.’’ Même le New York Times reconnaît dans un article que le NED a orchestré le printemps arabe de manière déterminante.
Movements.org
C’est une ONG de démocratisation spécialisée dans les émeutes de jeunes qui a par exemple construit les mouvements égyptiens de la jeunesse du 6 avril en faisant d’un petit groupe facebook insignifiant le mouvement dirigeant de la révolution égyptienne en 2011. Elle est financée par le même conglomérat de multinationales qui est aussi représenté dans les think tanks les plus élevés, comme par exemple Google, Facebook, CBC news, MSNBC, Pepsi, etc.
Movements.org est aussi directement relié au ministère des Affaires étrangères américain.
La Foundation Ford, OAK Foundation, Sigrid Rausing Trust, Foundation Rockefeller de la catégorie 2 financent et entraînent le front local dans la rue, représenté par la catégorie 5. Cette dernière se compose de petits groupes contestataires violents qui, selon les besoins, sont érigés en héros médiatiques de la liberté et de la démocratie.»[4]
Unanimement respecté pour son honnêteté intellectuelle et sa grande connaissance de ces zones de conflits, le professeur Tim Anderson déclare aussi dans un article concernant l’action des ONG occidentales en Syrie :
«Chaque attaque contre Al-Nosra est ainsi décrite comme une attaque contre des civils et des cliniques ou contre des travailleurs de la santé d’urgence. La même chose vaut pour Médecins sans frontières (MSF) qui finance les cliniques d’Al-Nosra (la plupart du temps sans bénévoles étrangers) dans plusieurs territoires tenus par les terroristes.»[5]
Dans un autre texte important, «Alep, l’histoire des deux hôpitaux», Brandon Turbeville note :
«Alors que MSF est souvent décrit par les médias occidentaux comme indépendant, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité.
Pour commencer, Médecins sans frontières est entièrement financé par les mêmes institutions financières qui sont derrière Wall Street et le cercle dominant la politique étrangère de Londres, et qui espèrent un changement de régime en Syrie et en Iran. Le propre rapport annuel de Médecins sans frontières (le rapport de 2010 est accessible ici) mentionne comme donateurs Goldman Sachs, Wells Fargo, Citigroup, Google, Microsoft, Bloomberg, Bain Capital, la société de Mitt Romney et une myriade d’autres sociétés financières. Médecins sans frontières présente aussi des banquiers dans son comité de parrainage, dont Elizabeth Beshel Robinson de Goldman Sachs.»[6]
Les ONG, masque soft de la grande finance anglo-saxonne
L’humanitaire n’est donc, en bonne partie du moins, qu’un outil de «blanchiment» de la finance internationale. Il suffit de lire attentivement les rapports d’activités de nombre d’ONG impliquées dans des zones de tensions, rapports accessibles sur le web. Est-ce un hasard si une autre puissante ONG, Action contre la faim (ACF), voit à sa tête sa nouvelle présidente, Stéphanie Rivoal, issue (encore !) de Goldman Sachs. Pris dans ces grandes contradictions et autres dysfonctionnements, le grand «mammouth»[7] qu’est le ministère de l’Education nationale (en France), semble (ou feint de) ne pas savoir que cette ONG – grand loup masqué dans la bergerie – est pilotée par cette très puissante banque d’affaires qui détruit le secteur public en Grèce et partout ailleurs[8].
[1] Klagemauer TV
[2] Et qui, par leurs articles, brouillent les pistes, au point que le lecteur lambda finit par ne plus rien comprendre aux conflits qui ensanglantent le monde, dans une cacophonie médiatique délibérée. 7 milliardaires contrôlent 95% des médias mainstream. Cf. Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart et co-auteur du livre sur les nouvelles censures, Informer n’est pas un délit, Ed. Calmann-Lévy
[3] Selon le classement suivant :
« 1re catégorie : antichambre, think tanks globalistes
2e catégorie : financements et entraînements, les ONG de démocratisation en font partie
3e catégorie : support rhétorique, les fondations occidentales pour les droits de l’Homme en font partie
4e catégorie : organisations internationales type ONU
5e catégorie : front local dans la rue, ce sont les hommes de main type «No-border» payés par Soros et disposant de cartes de visite d’avocats de la place de Paris en cas d’arrestation…». Ibid
[4] Ibid.
[5] « Une forte propagande fait rage sur le front d’Alep » in Arrêt sur info, 1er mai 2016 et http://lesakerfrancophone.fr/guerre-reelle-et-mediatique-contre-alep-en-syrie.
[6] « Alep: L’histoire de deux hôpitaux » paru initialement http://www.activistpost.com/2016/05/a-tale-of-two-hospitals-potentially-fabricated-bombing-incident-vs-open-terrorist-targeting-of-facilities-in-aleppo.html
[7] Pour reprendre la formule de l’ancien ministre, Claude Allègre, scientifique qui n’avait pas sa langue dans sa poche ni sur le Climategate (et les arrangements du GIEC français et des institutions internationales concernées par le climat – que D. Trump et son équipe commencent d’ailleurs à remettre en cause), ni sur les arcanes de son Ministère de Grenelle et le jeu trouble des syndicats.
[8] Comment expliquer aussi que ce même Ministère, aujourd’hui dirigé par Najet Vallaud – Belkacem, a récemment passé un contrat exclusif avec Microsoft pour l’équipement de tous les établissements scolaires ? Quand l’on sait le vrai danger monopolistique de cette entreprise étatsunienne, son absence scandaleuse d’éthique ainsi que son étroite collaboration avec l’agence de renseignements NSA… Le nouveau système d’exploitation, Windows 10, est, par exemple, vivement critiqué pour son caractère très intrusif de la vie privée (avec notamment la mise en place masquée de « back doors » et de « sous-tâches » hors de contrôle de l’utilisateur), quelque peu amendé sous la pression générale. Le patron de cette banque Goldman Sachs a par ailleurs appelé à jeter à la poubelle le BREXIT, pourtant issu de la volonté populaire anglaise. Cf. https://www.upr.fr/actualite/europe/president-de-goldman-sachs-annonce-qu-il-va-falloir-annuler-brexit et http://www.bbc.com/news/uk-politics-18519395
S. Bensmail
(Suivra)
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