Lettre ouverte aux candidats de la diaspora algérienne
Par l’Anaaf – Suite au décret portant convocation du corps électoral, qui fixe l’élection des membres de l’Assemblée populaire nationale au jeudi 4 mai 2017, vous avez décidé d’affirmer publiquement, comme beaucoup d’autres l’ont fait lors d’échéances électorales passées, de faire don de votre personne pour défendre et représenter les intérêts de la composante de la nation algérienne établie en France.
Avec les défis qui vous attendent pour honorer votre parole et vos engagements en vous portant ainsi candidat à la députation, êtes-vous sûr de ne pas faire preuve de naïveté, de légèreté malhonnête ou d’inconscience politiques, sachant par avance que les pouvoirs constitutionnels de représentants de la nation que vous voulez conquérir ont toujours été dans la pratique réduits politiquement à de pseudo et vagues pouvoirs de «représentants d’une communauté» résidant à l’étranger ?
Nous aurions aimé croire à votre abnégation de militants politiques sincères, mais l’expérience de certains de ceux qui vous ont précédé nous oblige à faire preuve de prudence et de circonspection légitime.
Beaucoup d’entre eux ont surtout profité du système électoral pour défendre et faire prospérer leurs propres intérêts personnels, au lieu de mettre leur courage et leurs cordes vocales au service de la voix orpheline de la diaspora algérienne pour la faire résonner dans l’hémicycle de l’APN.
C’est pour toutes ces raisons que nous prenons la liberté, au nom des principes et valeurs authentiquement démocratiques et républicains qui nous animent, pour vous alerter à cœur ouvert sur nos inquiétudes, nos espoirs et surtout nos convictions.
Oui, à l’heure où partout dans le monde des millions de citoyens se lèvent pour crier «la dignité ou la mort» et se battent pour le triomphe de la démocratie, nous ne sommes pas disposés à vendre politiquement au plus offrant nos voix citoyennes.
Nous ne sommes pas disposés à nous rendre coupables de manœuvres qui voudraient tant altérer nos convictions et nos discernements pour que «le dire passe pour le faire» et «l’agitation démagogique pour le changement».
Nous refusons le rituel périodique des élections qui nous rabaisse au rang de «moutons abandonnés» que l’on confie à des bergers, habillés en «agents» électoraux.
Vous êtes candidats à la fonction de député et nous respectons vos choix partisans ou idéologiques, ne tombez pas dans le piège de la puissance des honneurs qui pourrait vous rendre esclave de l’illusion politicienne d’être maître de votre destin et surtout de celui de vos éventuels électeurs.
Ne marchandez pas votre exigence morale et intellectuelle et ne renoncez jamais à la noblesse du militantisme sincère pour défendre l’intérêt collectif.
Refusez d’être des «agents» sans vergogne au gré d’allégeances politiques douteuses et d’ambitions privées.
Soyez lucides avec des convictions fermes pour partager et comprendre les peines de notre jeunesse afin de lui offrir une espérance pour qu’elle se mobilise à nouveau et se solidarise.
Elle est fatiguée d’être ignorée et nourrie par la promesse du miracle qui n’arrive jamais. D’ailleurs, elle ne demande pas de miracle. Elle veut qu’on arrête de lui en promettre.
Vous êtes libres d’être candidats à la fonction de député, mais comme vous le savez certainement, la diaspora algérienne ne croit plus que la solution à ses problèmes et la réponse à ses inquiétudes puissent venir de votre élection à l’APN.
Par contre, nous sommes convaincus qu’elle sera heureuse et fière de soutenir par son vote massif toutes celles et ceux qui, avec un programme et des propositions de militants politiques sincères, lui montreront le chemin et le goût de l’aventure collective, les voies pour organiser ses énergies et exploiter sa créativité autour de perspectives et d’ambitions partagées pour son avenir et celui de ses enfants, mais aussi pour le renforcement et la consolidation du progrès social, économique et démocratique sur la terre de ses ancêtres.
Pour tout cela, vous devez vous engager et vous mobiliser politiquement pour qu’elle ne soit plus stigmatisée, montrée du doigt, soupçonnée de manque de loyauté citoyenne pour être mise à l’index de toute réflexion ou ambition politique susceptible de prendre enfin et véritablement en considération ses légitimes aspirations et que sa voix soit respectée, écoutée et entendue.
Alliance des associations des Algériens de France (Anaaf)
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