Tripartite : guerre ouverte entre l’UGTA et les syndicats autonomes
Le patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, contre-attaque l’offensive des syndicats autonomes, qui, par leurs actions récurrentes et mobilisatrices, ont réussi à s’imposer comme un «interlocuteur» avec les pouvoirs publics. Le premier responsable de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) semble être échaudé par l’annonce faite récemment en sa présence par le ministre du Travail, Mohamed El-Ghazi, selon lequel les syndicats autonomes vont être associés à l’élaboration du nouveau code du travail. Et depuis, apprend-on de sources sûres, il multiplie les messages en direction des hautes autorités du pays en leur rappelant le rôle joué par la centrale syndicale dans la défense de la république durant les années de braise. Profitant du vingtième anniversaire de l’assassinat d’Abdelhak Benhamouda, Sidi Saïd a mis en avant le «rôle de l’UGTA» dans la stabilité du pays.
«La célébration de cette date nous fait remémorer à travers le martyr Abdelhak Benhamouda l’engagement de ces centaines de milliers de travailleurs pour la sauvegarde des valeurs républicaines et leur rejet du fondamentalisme et de tout acte terroriste», avait-il affirmé. Pour lui, c’est une organisation qui fait dans «le syndicalisme patriote», attaquant ainsi les syndicats autonomes qui placent, selon lui, leurs intérêts et ceux des franges qu’ils représentent au-dessus de celui de la nation et de l’Etat.
Prenant le dossier de la retraite anticipée, Sidi Saïd s’est récemment attaqué aux syndicats autonomes auxquels il reprochait un manque de «patriotisme» et des «positions égoïstes» et «non constructives». Pour lui, pousser des franges de la société à l’anarchie ne va pas aider l’Algérie à poursuivre sa marche vers le progrès. «Le leadership du populisme n’apporte rien…», avait-il dénoncé. Le patron de la centrale syndicale s’est en effet déchaîné en œuvrant par tous les moyens pour garder la place de l’UGTA comme l’unique interlocuteur du gouvernement dans le cadre de la tripartite qui aura lieu en mars prochain.
Les syndicats autonomes, qui ont bien accueilli l’annonce d’El-Ghazi, ont répondu à Sidi Saïd en l’invitant à un peu de retenue. L’Intersyndicale ne compte pas se laisser faire, apprend-on de membres de syndicats affiliés. Le patron de l’UGTA, qui se trouve sous pression, craint qu’il soit «lâché» par le gouvernement. Le dialogue réussi entre la ministre de l’Education et les syndicats autonomes du secteur semble avoir inspiré le gouvernement Sellal qui envisagerait de faire de ces syndicats d’autres interlocuteurs au même titre que l’UGTA. Cela passerait par leur participation en tant que partenaire social à part entière lors de la prochaine tripartite. Mais pas seulement.
Après les sévères critiques de la Confédération syndicale internationale (CSI), à laquelle l’UGTA est affiliée, relatives à la liberté syndicale en Algérie, le gouvernement algérien envisage de prendre avec lui l’ensemble des syndicats autonomes, en plus de l’UGTA, à la prochaine session de l’Organisation internationale du travail (OIT). Une manière pour lui de bien se défendre et d’affirmer que le pluralisme syndical est une réalité tangible en Algérie. La guerre est donc ouverte entre la centrale syndicale et les syndicats autonomes.
Sonia Baker
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