RCD : «La crise que traverse le pays ne cesse de s’amplifier»
Dans son allocution à l’ouverture de la session ordinaire du conseil national de son parti qui s’est tenue ce vendredi à Alger, le président du RCD, Mohcine Belabbas, est longuement revenu sur le parcours du parti à l’occasion de 28e anniversaire de sa fondation, en estimant d’entrée que les citoyens «savent que notre patriotisme a sauvé le pays d’une barbarie d’un autre âge». «Aujourd’hui, nous œuvrons pour que le RCD constitue, dira-t-il encore, le pôle du combat pour l’émancipation individuelle et collective par un nouveau départ dans la voie de la construction d’un Etat démocratique et social : un Etat qui promeut l’égalité, la justice, les valeurs du travail et de la solidarité.» Abordant la situation politique, le chef de file du RCD juge que la crise que traverse notre pays «ne cesse de s’amplifier». Elle est, selon lui, «porteuse de désordre et d’anarchie (…) et fait peser une lourde menace sur notre vivre-ensemble jusqu’à notre souveraineté». Et d’enchaîner : «La crise de légitimité, certes profonde, peut connaître une amorce de règlement à l’occasion des élections législatives prochaines si le pouvoir se résout à ne pas triturer les résultats et à laisser les citoyens choisir librement leurs représentants. (…) La balle est, une fois encore, dans le camp du pouvoir.»
Au plan économique, Mohcine Belabbas dressera un tableau noir de la situation, en affirmant que «tous les clignotants sont au rouge», et en soulignant que le rétablissement des agrégats macroéconomiques «exhibés comme un butin de guerre lors du pétrole à 120 dollars est désormais illusoire». D’un ton plus alarmé, l’orateur dénonce une précarisation de plus en plus palpable de la société, en considérant que les dernières intempéries «ont révélé l’ampleur de la fragilité de nombreuses couches sociales». Il pointe du doigt les mauvais choix économiques, la corruption endémique, les malversations et le refus de la transparence, mais surtout «des fraudes électorales qui détournent les voix des citoyens et faussent leurs choix».
Par ailleurs, le président du RCD dénonce une «généralisation des violations des droits de l’Homme» et des entraves manifestes à la liberté de la presse. «Les violences politiques, les pressions et le chantage à l’encontre des citoyens sont quotidiens, accuse-t-il. Le nombre de détenus sans cesse croissant pour délit d’opinion ou pour une simple appartenance à un courant politique plonge le pays dans l’arbitraire et la peur.» Il cite l’exemple des militants de son parti à Ghardaïa, détenus depuis plus de dix-huit mois pour, estime Belabbas, des chefs d’inculpation «montés de toutes pièces».
Poursuivant son réquisitoire, le chef du RCD accuse des dirigeants, «tapis dans l’ombre», de vouloir exploiter les problèmes que vivent les Algériens, voire les exacerber, citant comme exemple les événements survenus au mois de janvier au niveau de certaines wilayas du centre du pays.
Sur un autre registre, le président du RCD affirme que le refus du dialogue des officiels avec la classe politique de leur pays «contraste avec la médiatisation des audiences qu’ils accordent à des responsables de partis politiques étrangers», considérant que les sorties sur le terrain des ambassadeurs américain, français et anglais sont aujourd’hui «plus visibles» que celles effectuées par nombre de ministres. Dans le même sillage, il considère que les enquêtes des parlementaires français sur la situation de notre pays sont réalisées avec l’assistance de dirigeants algériens, «pendant que les parlementaires nationaux sont invisibles, inaudibles et inopérants».
R. Mahmoudi
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