Décès de la moudjahida Djamila Amrane-Minne
La résistante Djamila Amrane, née Danièle Minne, est décédée hier samedi 11 février 2017 à l’âge de 78 ans. Née le 13 août 1939 à Neuilly-sur-Scène, cette dame était une militante du FLN, une porteuse de valises et une poseuse de bombes durant la bataille d’Alger.
Ses parents, Jacqueline Netter et Pierre Minne, professeur de philosophie, sont arrivés en Algérie en 1948. En 1950, sa mère se remarie avec Abdelkader Guerroudj, militant du Parti communiste algérien (PCA) ; institutrice à Négrier (Chetouane) puis à Aïn Fezza, près de Tlemcen, elle adhère au PCA. En avril 1955, Jacqueline et Abdelkader Guerroudj sont expulsés pour leurs activités. Après avoir passé quelques mois en France, ils rentrent à Alger et participent à partir de janvier 1956 à l’organisation des Combattants de la libération et au Réseau bombes de Yacef Saâdi. Ils sont tous les deux condamnés à mort comme complices de Fernand Iveton, seul Européen guillotiné durant la guerre d’Algérie, mais seront graciés, avec Djamila Bouazza et Djamila Bouhired, le 8 mars 1962.
Danièle Minne participe en 1956 à la grève des étudiants et rejoint la lutte armée sous le nom de Djamila. Membre du «réseau bombes» du FLN durant la bataille d’Alger, elle fait partie du groupe de jeunes femmes poseuses de bombes dans les lieux publics d’Alger, en particulier les cafés fréquentés par les colons.
Le samedi 26 janvier 1957, Danièle qui est encore mineure (17 ans) participe à une triple action du FLN dans les brasseries de l’ex-rue Michelet (Didouche-Mourad), située dans le quartier européen. Elle pose sa bombe dans le bar Otomatic à Alger, tandis que ses complices déposent d’autres engins explosifs au Coq-Hardi et à La Cafeteria. Le bilan de ces attentats est de «quatre femmes tuées, 37 blessés hospitalisés dont 21 femmes, dont 2 dans un état alarmant», selon Le Journal d’Alger.
Condamnée le 4 décembre 1957 à sept ans de prison, incarcérée à la prison Barberousse, transférée ensuite en France, elle est libérée en avril 1962 à Rennes et amnistiée en application des Accords d’Evian.
Après l’indépendance du pays, Danièle Minne opte pour la nationalité algérienne et devient Djamila Amrane lors de son mariage en 1964. Elle travaille à l’Université d’Alger puis devient en 1999 professeur d’histoire et d’études féminines à l’Université de Toulouse.
R. M.
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