Emmanuel Macron fait découvrir aux médias français le véritable poids de l’Algérie
A l’exception du Figaro, quotidien acquis à la candidature de François Fillon, qui a trouvé anormal qu’Emmanuel Macron se soit déplacé à Alger alors que la banlieue connaît des «heurts», presque l’ensemble de la presse français a favorablement accueilli la décision du candidat du mouvement En Marche ! de séjourner dans la capitale algérienne. La journaliste Clémence Bauduin de la radio RTL estime même qu’Emmanuel Macron a pris la bonne décision en se rendant à Alger car «il s’agit d’une étape indispensable et symbolique» pour un postulant à la présidentielle française.
La Radio française rapporte qu’Emmanuel Macron a été accueilli avec les honneurs en Algérie et a été reçu en «ami» auprès de nombreux acteurs politiques algériens. Dans la foulée, RTL soutient que l’ancien chouchou du président François Hollande s’est rendu à Alger pour «étoffer sa stature internationale et marquer davantage son intérêt pour le bassin méditerranéen après des visites en Tunisie et au Liban».
Non avare en superlatifs, le média français rapporte, en outre, que «le candidat a passé deux longues heures d’entretien avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslem Bouchouareb, qui ont largement débordé du programme initial». Au passage, Abdelmalek Sellal et Abdeslam Bouchouareb sont présentés comme «des personnes clés de l’Etat algérien (…) visiblement attentifs au parcours du candidat d’En Marche ! porté par des sondages favorables en France». Et de signaler qu’Abdeslem Bouchouareb connaît bien Emmanuel Macron, qu’il a plusieurs fois rencontré lorsque ce dernier était à Bercy et qu’il a chaleureusement embrassé au moment de se séparer.
La chaîne de télévision BFMTV a également mis en relief la qualité des échanges entre Emmanuel Macron et Abdelmalek Sellal, échanges qui, précise-t-elle, ont duré deux heures. Bien qu’ayant une ligne éditoriale alignée ouvertement sur le candidat des Républicains, BFMTV pense aussi qu’«Emmanuel Macron a accompli une étape indispensable pour un candidat à l’élection présidentielle française», en entamant, lundi, une visite en Algérie, avec une série d’entretiens ministériels où il a évoqué «le poids du passé» et les «promesses de partenariats d’avenir».
La chaîne, qui n’est pas très connue pour traiter de l’actualité liée à l’Algérie ni pour donner des fleurs au gouvernement algérien, reprend, par ailleurs, un extrait d’une déclaration du candidat du mouvement En Marche ! dans laquelle il explique son choix de se rendre en Alger. «Il est évident que compte tenu du rôle que joue l’Algérie dans notre histoire, dans notre pays, dans notre avenir et dans celui du Maghreb, il est indispensable durant une campagne présidentielle de venir faire une telle visite. Pour mesurer à chaque instant le poids du passé et avoir un discours volontariste sur l’importance de l’avenir», a-t-il souligné. «J’appartiens à une génération qui n’a pas connu la Guerre d’Algérie mais (…) qui ne peut pas vivre sans. Cela fait partie de notre viatique», a encore insisté Emmanuel Macron, tout en appelant à «donner encore plus de densité au partenariat entre la France et l’Algérie».
La Chaîne d’information LCI décrypte, quant à elle, le voyage à Alger d’Emmanuel Marcon comme une volonté de sa part de «mettre en avant sa volonté de bâtir une coopération autour de la Méditerranée (…)». Pour LCI, le message de l’ancien ministre de l’Economie est clair. Il souhaite que «la politique arabe et méditerranéenne (soit) replacée au cœur de (la) diplomatie» française. La télévision cite, par ailleurs, un conseiller du candidat qui soutient que «l’Algérie est incontournable dans une campagne présidentielle française». «Il y a énormément de sujets à aborder, de possibilités de coopérations, en pensant notamment aux préoccupations sur la sécurité en Méditerranée», ajoute-t-il.
Le Point va dans le même sens que RTL, BFMTV et LCI. L’hebdomadaire indique qu’Emmanuel Macron a eu droit à Alger à un accueil digne d’un chef d’Etat et laisse même supposer que l’Algérie a décidé de voter Macron. «Macron a été reçu avec les honneurs, à l’image de son cortège de voitures officielles guidées par des gyrophares qui a serpenté à grande vitesse dans les rues encombrées d’Alger», écrit Le Point qui précise que le candidat à la présidentielle, actuellement très bien placé dans les sondages qui le donnent au second tour de la présidentielle, finira son voyage par une visite de la Basilique Notre-Dame d’Afrique.
Il aura fallu attendre qu’Emmanuel Macron vienne à Alger pour que la presse française réalise le véritable poids de l’Algérie dans la région. Vaut mieux tard que jamais.
Khider Cherif
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