Une contribution du Dr Mehenou Amouzou – Comment la présidentielle française peut modifier les relations France-Afrique (I)
De l’esclavage qui a duré un peu plus de quatre siècles à la colonisation et à l’indépendance sur mesure des pays africains, l’Afrique est soi-disant passée d’un «état primitif à son état moderne d’aujourd’hui». Tel est tout du moins le point de vue du colonisateur qui justifie ainsi la nécessité de la colonisation dont le bilan est négatif (meurtre en masse du peuple africain, déportation de centaines de milliers de jeunes Africains, maintien de l’ensemble du continent sous diktat, etc.).
Cette brutalité, qui se traduit par un sabotage et un pillage constant, continue de se perpétrer grâce à quelques poignets d’Africains qui sont des inconscients. Dépourvus de tout esprit critique, d’éthique et de l’essence même de l’homme africain, qui par nature respecte son prochain, l’environnement et le travail communautaire, cette poignée d’individus sont pour la plupart des Présidents qui n’ont aucune légitimité, car ils ne sont pas élus démocratiquement et le développement de leurs pays ne constitue aucunement leur priorité. Un homme d’affaires asiatique a affirmé que la différence entre un dictateur asiatique et africain est que le dictateur asiatique aime son peuple et participe à son développement. Le dictateur africain n’aime pas son peuple. Ils dépouillent leur peuple et accumulent les richesses de leur pays dans les banques étrangères. Ces fonds déposés dans les banques de l’Occident permettent de financer l’économie occidentale et parallèlement d’enfoncer leurs propres pays dans le désespoir et le marasme économique.
La France n’est pas la seule nation à avoir pratiqué le commerce de l’esclavage et/ou la colonisation. Presque tous les pays européens l’ont fait et les méthodes utilisées sont quasi identiques. Toutefois, les autres pays n’accaparent pas totalement la richesse des pays colonisés. Ils s’arrangent pour accorder une petite marge de liberté aux peuples, leur donnant ainsi l’illusion qu’ils sont libres, alors même qu’ils sont contrôlés à 98% au moins. Parallèlement, la France, elle, contrôle à 100% tous les secteurs de la vie socio-économique, et cela, avec la complicité de quelques dizaines de personnes prêtes à sacrifier leur pays pour les intérêts français.
Nous donnons cette alerte parce que la crise économique actuelle est très grave et n’épargne aucun pays. L’Afrique ne peut plus être gouvernée par des hommes dépourvus de tout bon sens, qui laissent leurs populations crever dans la traversée de la Méditerranée. Tout le monde connaît la raison de cet exode vers l’Europe, mais comme c’est le peuple africain, ce n’est pas grave. Le drame, c’est que l’Occident n’a aucun intérêt à trouver une solution, car il est lui-même la source des trois quarts du problème. La grave crise qui est en train de mettre les grandes puissances à genoux était quand même prévisible depuis plusieurs années déjà. Mais cela a été purement et simplement négligé. En effet, l’une était depuis l’interdiction qui a été faite aux gouvernements d’emprunter de l’argent sans intérêt auprès des banques centrales, mais uniquement sur les marchés financiers et avec intérêts. Ceux qui ont interdit aux gouvernements étant les mêmes qui contrôlent les marchés financiers pour leur propre bénéfice.
Le peuple français ne sait pas ou ne veut pas accepter que la belle France est cliniquement décédée. Tout le monde attend l’annonce imminente du décès économique de la France. Ce qui est vraiment triste, et il importe de se demander comment ils ont pu en arriver là. Nous laissons la réponse à cette question aux éminents économistes français qui sont bien qualifiés pour mener à terme une telle étude. Nous tenons uniquement à insister sur les conséquences désastreuses sur les pays africains.
Quelques précisions
La situation économique de la France a dorénavant dépassé la limite à laquelle la situation aurait pu être politiquement acceptable et gérable.Désormais, il est impossible de redresser la trajectoire. Pour le moment, d’autres évènements internationaux cachent le pot rouge de la France. On peut citer à titre d’exemple l’élection de Donald Trump à la présidence américaine, la Syrie et le Moyen-Orient, le Brexit de l’Union européenne. Le ratio dette/PIB de la France est supérieur à 100%, et pour le stabiliser, on a besoin d’une croissance d’au moins 3% par an qui n’a jamais été atteinte en une décennie. Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, en juillet 2012, a affirmé que la France était «trop grande pour faire faillite». Qu’il ferait «tout ce qu’il faudra» pour sauver l’euro ; puis en janvier 2016, que ses capacités d’action n’avaient «pas de limites». Mais ces affirmations ne sont que de la poudre aux yeux et sont complètement fausses. La France est incapable de rembourser le principal de sa dette et ne rembourse les intérêts qu’avec difficultés.
Selon l’Agence française du trésor (mars 2015), 64,4% de la dette française sont détenus par des «non-résidents». Le gouvernement a placé le futur du pays entre des mains étrangères (des spéculateurs étrangers, des institutions bancaires, etc.). Le premier détenteur de dette française à long terme est l’Italie avec son économie morose et très fragile. Il faut souligner que la dette publique de l’Italie est supérieure à 132% de son PIB, et cela avec un taux de chômage au-dessus de 14%. Le premier détenteur de dette française à court terme est le Japon dont le ratio dette publique/PIB est de 245% au minimum. Ainsi, les deux grands créanciers de la France, le Japon et l’Italie, ont une économie comateuse. Et pourtant, ils sont les seuls remparts d’un système sur le point de couler. Il est indéniable que l’Etat français deviendra tôt ou tard aussi insolvable que la Grèce et les banlieues seront coupées de leurs lignes d’approvisionnement, les universités, les écoles et les transports publics fermés, les salaires suspendus et les entreprises fermées. La demande de paiement par les créanciers si elle n’est pas honorée, les biens des pays africains placés sous contrôle du gouvernement français deviendront les propriétés de ces deux pays. Ce serait la panique générale, car du moment où la confiance des créditeurs du pays a disparu, le chaos s’installera.
Le journal français Mediapart a repris dans sa parution du 2 novembre 2016 un article d’un journal économique allemand. Dans cet article, le journal allemand accuse le gouvernement français d’immoralité, d’expropriation abusive et d’être indirectement la source de nombre de situations de famine, de guerre, d’instabilité et de destruction. Toujours selon ce journal, la France pille près de 440 milliards d’euros par an à l’Afrique à travers la France-Afrique. C’est une grosse somme, et si ce chiffre est exact, comment la France dépense-t-elle cette somme pillée à l’Afrique ? Toutefois, ceci pourrait expliquer le bas niveau de développement du continent africain et ses difficultés réelles à décoller. On comprend la misère et le désespoir qui poussent les jeunes à quitter le continent espérant trouver une vie meilleure avec toutes les conséquences mortelles de ces départs. Si l’information est même partiellement prouvée, cela confirmerait ce que les feus présidents du Gabon et ex-Zaïre (RDC) disaient sur les plateaux télévisés français dans les années 1980 : «Sans l’Afrique, la France n’avance pas, car l’Afrique est le moteur.»
La dette publique française est au-dessus de 2 000 milliards d’euros. Elle ne peut être remboursée par la nation française. Les services publics sont réduits au minimum et l’avenir de la France est vraiment sombre. Mais comment un pays qui rançonne plus de 400 milliards d’euros chaque année peut-il se retrouver dans une situation critique au point de ne pouvoir rembourser sa dette ? Est-ce que la France ne produit ou ne commercialise plus ? Les 400 milliards d’euros collectés en Afrique ne rentrent-ils pas dans les caisses de l’Etat ? Qui bénéficie réellement de ces sommes colossales vu que le niveau de vie du Français moyen n’a pas évolué depuis des années ?
Dr Mehenou Amouzou
(Suivra)
Le docteur Mehenou Amouzou a obtenu son Master in Business à l’European Advanced Institute of Management ainsi qu’un Certificat en finance et investissement à Paris (France). Il a complété ses études dans les Relations internationales et les Stratégies politique et de défense et a obtenu son Doctorat de philosophie en Finance
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