«Zeus», un biopic sur le président portugais Manuel Teixeira Gomès, projeté à Alger
Le long métrage de fiction Zeus, biopic émouvant consacré à la vie et au parcours du président portugais Manuel Teixeira Gomès (1862-1941), mort en exil à Béjaïa, est projeté mercredi soir en avant-première à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaih. Réalisé par le Portugais Paulo Filipe Monteiro, cette coproduction algéro-portugaise tournée en partie à Béjaïa où Manuel Teixeira Gomès s’était établi durant 10 ans (1931-1941), retrace la vie de ce président voyageur qui a renoncé au pouvoir deux ans après son élection.
Le réalisateur, qui a opté pour le rétrospectif comme genre narratif, se base sur des faits véridiques de la vie de Teixeira Gomès, homme d’Etat, diplomate et écrivain, personnage incarné à l’écran par l’acteur portugais Sinde Filipe. Entre sa vie à Lisbonne en tant que Président, son séjour en Algérie comme exilé et sa jeunesse relatée en arrière-plan à travers une fiction, ce long métrage récapitule en 118 minutes le parcours «particulier» d’un homme d’Etat, diplomate et écrivain qui a décidé de vivre loin de son pays, secoué au début du XXIe siècle par une crise politique aggravée par une montée du fascisme.
La première scène du film commence à juste titre par ces bouleversements politiques qui ont précédé sa démission de la tête de la République. Faisant passer la morale devant la politique «politicienne», Gomès décide de renoncer au pouvoir après seulement deux ans de règne, quittant le Portugal à bord d’un cargo nommé Zeus.
Le film s’attarde sur le séjour de Gomès à Béjaïa où il choisit de s’installer pendant une dizaine d’années à l’hôtel L’Etoile dès son débarquement au port de la ville. Fasciné par ses paysages et ses gens, il se lie d’amitié avec un jeune employé de l’hôtel, Amokrane.
Le réalisateur a réussi à revisiter l’ancienne ville de Béjaïa à travers des décors (reconstitués) évocateurs de la période coloniale. Le spectateur peut ainsi revoir des scènes suggérées de Béjaïa sous occupation française à travers la fameuse place Gueydon, ses ruelles et ses boutiques. Le bicopic passe également en revue le quotidien du président en exil dans sa chambre d’hôtel où il se donnait à la lecture et à l’écriture littéraire.
Passé pour un simple voyageur, ce n’est qu’après une visite d’un journaliste portugais que les Béjaouis savaient qu’un Président séjournait dans cet hôtel colonial où il écrit en 1938 Maria Adelaide, un de ses chefs-d’œuvre littéraires. Le casting, dont font partie les acteurs algériens Sid Ahmed Meziane dit Agoumi et Hichem Mesbah et le personnage principal (Sinde Filipe), se hisse à la hauteur de cet homme d’Etat et diplomate parfaitement décrit dans ses traits de personnalité.
Plutôt que le mimer, Sinde Filipe a su incarner les traits d’un Président dont l’énergie, l’honnêteté et la sensibilité ont été retransmises à l’écran sans jamais tomber dans le mimétisme. Délivrés dans un langage alternant portugais, kabyle et français, les dialogues ont servi beaucoup à définir la nature des rapports entre les différents personnages (principaux et figurants). Coproduit par Happygenio (Portugal) et le Centre algérien de développement du cinéma (CADC) et Moussa Haddad Production, Zeus est cofinancé à hauteur de 60% par la partie portugaise pour un budget total d’un million d’euros (environ 115 millions DA), selon le réalisateur.
Présent à la projection, l’ambassadeur du Portugal en Algérie, Carlos Olivera, a salué la mémoire du président Manuel Teixeira Gomès, rappelant qu’il (Gomès) a quitté ses hautes fonctions pour s’installer à Béjaïa, «une ville qui le fascina par ses paysages et la gentillesse des ses citoyens».
Le film Zeus devra être projeté à la Cinémathèque de Béjaïa ce vendredi en présence du réalisateur et de l’équipe du film.
R. C.
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