Un journal accuse Aribi de vouloir racheter son siège à l’APN contre dix milliards
Le quotidien Echorouk, journal proche des Frères musulmans, a révélé, citant des sources islamistes, que le député de même tendance membre du Front pour la justice et le développement (FJD), Hassan Aribi, a promis de mettre 10 milliards de centimes dans la cagnotte s’il est choisi, pour les prochaines élections législatives, comme tête de liste à Alger par la nouvelle formation qui a été créée, à l’initiative d’Abdallah Djaballah, à partir de la fusion de trois partis de la même mouvance. Pour les petits partis, être tête de liste accorde plus de chances à un candidat aux élections législatives d’avoir un siège à l’Assemblée populaire nationale. Et dans la wilaya d’Alger, où les places ne sont pas données, les enchères montent très vite.
Les partis islamistes sont concernés par cette problématique de la «tête de liste». Leurs dirigeants constatent que leur audience a énormément reculé dans le pays, pour diverses raisons, dont, en premier lieu, la perte de crédibilité due à leur opportunisme qui a fini par être une évidence aux yeux des Algériens, en particulier parmi ceux qui les suivaient aveuglément et croyaient en leurs discours démagogiques. Qu’il s’agisse du président du MSP, Abderrezak Mokri, ou de son rival du FJD, Abdallah Djaballah, ils savent qu’ils ne peuvent pas prétendre être l’alternative au système qu’ils pourfendent, parce qu’ils sont eux-mêmes compromis avec le pouvoir, soit par la participation de plusieurs d’entre eux directement aux différents gouvernements qui se sont succédé depuis au moins une vingtaine d’années, soit par leur implication active aux élections législatives et par leur présence au sein du Parlement.
Pour rattraper le terrain perdu par les islamistes ces dernières années, Djaballah, d’abord, et Mokri, qui l’a ensuite imité, tentent de rassembler leurs forces et même de gagner, au-delà, les déçus d’autres formations qu’ils croient proches. Mais voilà, le premier écueil dans la voie de l’union – ou de l’alliance, qu’importe l’appellation – entre les islamistes a surgi immédiatement à l’occasion de la confection des listes qui seront présentées aux élections législatives et surtout pour le choix de la fameuse «tête de liste», objet d’une lutte qui s’avère acharnée. Les rivalités et les calculs politiques étroits, alimentés par la course aux sièges et au leadership qui caractérise les formations de Djaballah et de Mokri, expliquent le recours à la corruption pour départager les prétendants, exactement comme dans les autres partis non islamistes.
Le thème de l’argent sale a commencé à être évoqué comme le facteur dominant dans la campagne électorale alors que celle-ci n’a pas encore commencé et que les listes des candidats aux législatives ne sont même pas connues. Les mises en garde contre «ceux qui veulent blanchir leur argent pourri dans les activités politiques» se multiplient, mais elles sont vite nuancées, voire estompées par la référence aux «hommes d’affaires honnêtes» qui, eux, sont accueillis à bras ouverts par les partis en quête de financement de leurs campagnes avec promesse que l’ascenseur sera renvoyé aux donateurs qui feront preuve de la plus grande générosité.
Aucun parti n’est épargné par l’épidémie de l’argent, qui n’a pas d’odeur, rappelons-le. Et, on l’a vu, les islamistes ne font pas exception.
Très actif sur les réseaux sociaux, Hassan Aribi ne tardera certainement pas à réagir.
Houari Achouri
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