Une utopie française
Par R. Mahmoudi – En suivant les différentes réactions à la dernière sortie d’Emmanuel Macron à Alger sur la colonisation, on aboutit vite à la conclusion que la repentance restera, comme l’a dit un jour un ancien président de l’APN – peut-être maladroitement – une utopie. C’est à lui, à Macron, qu’on demande aujourd’hui de se repentir pour avoir osé casser le tabou.
Cet épisode est venu, en fait, confirmer une tendance chez la classe politique française qui perdure depuis plus de vingt ans, à savoir que, au premier voyage à Alger, on lance de belles promesses et, parfois, de petites phrases, aussi audacieuses que celle qu’a prononcée Macron – laissant présager une normalisation effective et durable des relations entre les deux pays.
Mais, les mêmes responsables reviennent très vite à leurs vieux réflexes néo-colonialistes, en se figeant sur des attitudes inflexibles et en évitant obstinément toute discussion sur le passé colonial, comme c’est toujours le cas, même après cette déclaration «irrévérencieuse» de l’ex-ministre de l’Economie. On a vu les retournements de Nicolas Sarkozy, suivi de son ersatz socialiste Manuel Valls.
Cette crispation visible chez les politiques français en général prouve leur incapacité à se départir d’un dogmatisme qui empêche tout essor des relations entre la France et l’Algérie et, d’ailleurs aussi, avec le reste des pays de la région. Car, en sus de reconnaître les crimes de son armée pendant la période coloniale, ce qui est attendu de la France officielle, c’est surtout de revoir son interventionnisme belliqueux et d’essence néo-colonialiste dans le monde arabe et en Afrique. On ne peut, en effet, appréhender de nouvelles perspectives des relations avec Paris, sans prendre en compte le contexte régional et international, où la France continue à jouer un rôle de déstabilisation de plus en plus affiché, comme en Libye ou en Syrie.
Il y a, bien entendu, à craindre que la France use de son influence et de sa «capacité de nuisance» pour parvenir à ses objectifs économiques et géostratégiques dans notre pays. Parce qu’on sait que les Français, par des méthodes sournoises, à travers des «coups d’éventail» diplomatiques ou médiatiques dont ils ont l’art, peuvent, à tout moment, se retourner contre l’Algérie. Comment alors peut-on s’épargner les pressions occidentales – et, dans ce cas de figure, françaises – tout en sauvegardant sa souveraineté et en faisant abstraction des convoitises insoupçonnées de nos partenaires qui nous viennent en «bons amis», soucieux d’entretenir les meilleures relations possibles ?
Tel est le pari auquel l’Algérie sera confrontée dans les prochaines années.
R. M.
Comment (7)
Les commentaires sont fermés.