L’ex-ministre de la Défense Khaled Nezzar rend hommage au général Amar Belkacemi
Nous publions l’hommage rendu par l’ancien ministre de la Défense nationale au général Amar Belkacemi, ancien chef de division de combat, adjoint-chef de Région et attaché militaire, décédé ce samedi à Alger.
La nouvelle de ta mort soudaine est venue surprendre tes compagnons. Rien ne la laissait présager tant tu semblais encore solide. Peut-être, pudique, tu cachais le mal qui vient d’avoir eu raison de toi. Ta vie a été bien remplie cher Amar. Tu as donné le meilleur de toi-même à ton pays.
Qui d’entre tes compagnons n’en témoignerait pas, surtout ceux qui t’appellent affectueusement «Amar E’dégât» ? Quand je t’ai rencontré pour la première fois, tu étais déjà dans les rangs des troupes d’élite plein de courage, d’assurance et de fougue. Je me souviens que, malgré ton âge avancé, à l’époque pour le dur métier de parachutiste sportif, tu as tenu à tout prix à faire partie de cette élite qui fait hisser le drapeau de l’Algérie dans toutes les rencontres internationales.
Adieu si Amar ! Tu pars sans crier gare et c’est ainsi que va la vie ! Tu nous priveras de tes amicales rencontres, surtout à ton ami de tous les jours, Belkacem Boukhari, et à moi. Nous ne siroterons plus, avec toi, le café tout en parlant de l’Algérie que tu aimais tant !
Les rangs des derniers compagnons s’éclaircissent chaque jour un peu plus. C’est la loi de la vie et rien n’arrive hors la volonté du Seigneur. Nous partons. A nos oreilles chaque jour siffle le vent mauvais des anathèmes. A peine un vacarme s’éteint qu’un autre se rallume. De l’autre côté de la Méditerranée, ils n’ont rien oublié. Ils pensent qu’un de leur chef les a trahis et que sans lui, ils seraient encore les maîtres chez nous. Ils n’ont pas compris que ce sont tes sacrifices et tes combats, les sacrifices et les combats des Algériens, qui les ont forcés à quitter notre pays.
Quand l’Algérie était dans le désarroi et la souffrance pendant les décennies de feu que nous avons vécues récemment, jamais le doute n’a amoindri ta volonté, ni sapé ton moral ; ensemble, avec tes compagnons, vous avez affronté la bête immonde.
Nos enfants dans les rangs de la glorieuse ANP, à ton exemple, à l’exemple de leurs aînés, nous prouvent chaque jour que le travail que tu as accompli, que les anciens ont accompli, n’a pas été vain.
Quelquefois, un ancien, sentant le doute monter en lui, prononce ces mots qui consolent de toutes les désillusions et tous les regrets : «rani aïch fel fayda.» Ils veulent dire que l’épopée d’une existence dominera toujours le fleuve terne des autres jours.
Ta vie, Amar, a été exemplaire.
Que ceux que tu as laissés et qui te pleurent aujourd’hui sachent que je partage leur douleur.
A Dieu nous appartenons et à Dieu nous reviendrons.
Le général à la retraite Khaled Nezzar
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