Réfugiés, terrorisme, investissements : les Allemands se rapprochent d’Alger
La chancelière allemande Angela Merkel effectuera à partir de demain, lundi, une visite officielle de deux jours en Algérie. La chancelière se réunira le premier jour avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal et sera reçue le mardi par le président Bouteflika. Selon un communiqué rendu public ce matin par la présidence de la République, les entretiens entre le président Bouteflika et Mme Merkel, dont c’est la deuxième visite en Algérie, après celle effectuée en 2008, permettront aux deux parties de «procéder à un échange de vues notamment sur les relations entre l’Algérie et l’Union européenne ainsi que sur la situation au Maghreb, au Sahel et au Moyen-Orient», précise le communiqué. L’Allemagne est impliquée au Mali où elle compte des troupes au sein de la Minusma.
La visite de Mme Merkel «ne manquera pas de donner également un élan supplémentaire à la coopération, au partenariat et aux échanges entre l’Algérie et l’Allemagne», souligne la même source. Pour allier l’acte à la parole, la visite de la chancelière allemande sera marquée par la tenue de la 6e session de la Commission mixte de coopération algéro-allemande et du forum d’affaires entre les entreprises des deux pays, ajoute le communiqué.
Les questions migratoires devraient également être abordées. Le gouvernement d’Angela Merkel exerce actuellement des pressions sur les gouvernements du Grand Maghreb pour accueillir leurs ressortissants expulsés d’Allemagne, et ce, suite aux différentes attaques terroristes commises sur le sol allemand. La chancelière allemande, qui prône une coopération plus étroite avec les pays d’Afrique du Nord pour limiter les mouvements de réfugiés à travers la Méditerranée, entend ainsi obtenir à l’occasion de cette visite plus de garanties d’Alger pour l’accélération du processus de rapatriement des ressortissants algériens en situation irrégulière en Allemagne.
Au-delà, c’est le volet économique qui devrait se tailler la part du lion lors de cette visite, car il sera question d’étudier les possibilités de booster la coopération algéro-allemande. La chancelière allemande sera d’ailleurs accompagnée d’une forte délégation d’hommes d’affaires et de ministres, dont celui de l’Economie, et en parallèle aux rencontres politiques et diplomatiques, un forum d’affaires réunira les dirigeants d’entreprises des deux pays le lundi à l’hôtel El-Aurassi.
Plusieurs domaines de coopération ont été identifiés, mais les opérateurs allemands sont, dit-on, encore frileux à l’idée d’investir en Algérie tant que le cadre réglementaire n’est pas vraiment en leur faveur. Selon leurs déclarations, la règle 51/49 appliquée aux investissements étrangers ne distinguant pas nettement secteurs stratégiques et secteurs non stratégiques a découragé les entreprises allemandes, notamment les PME/PMI. Donc, l’enjeu pour les autorités algériennes sera de convaincre les opérateurs allemands que leurs hésitations sont infondées et qu’ils peuvent faire de bonnes affaires en Algérie.
Plus de 220 entreprises allemandes sont, rappelle-t-on, implantées en Algérie, notamment l’entreprise Siemens, et la Deutsche Bank vient d’ouvrir une antenne en Algérie. Les exportations algériennes vers l’Allemagne sont constituées notamment des hydrocarbures (pétrole et gaz), tandis que ses importations sont dominées par les biens d’équipement. Du matériel mécanique, des pompes et des tubes en acier pour les pipelines sont produits en Allemagne et exportés vers l’Algérie.
L’Allemagne et l’Algérie coopèrent aussi dans la production d’hélium, un gaz rare dont l’Algérie est l’un des plus grands producteurs et qui sert notamment dans l’industrie spatiale et la production de la fibre optique. Les regards seront certainement braqués aussi vers le projet de fabrication d’automobiles du voiturier Volkswagen implanté à l’ouest du pays.
Le volume des échanges bilatéraux entre l’Algérie et l’Allemagne a, rappelle-t-on, enregistré en 2014 environ 5,1 milliards d’euros et il n’a pas connu d’évolution notable entre 2015 et 2016. L’Allemagne a importé de l’Algérie pour un montant de 2,5 milliards d’euros et a exporté pour un montant d’environ 2,6 milliards d’euros vers l’Algérie. Selon l’agence Reuters et le site d’informations allemand «Deutsche Welle», il y aurait eu également la signature d’un important contrat d’armement entre l’Algérie et l’Allemagne. Les exportations en armement de l’Allemagne à destination de l’Algérie auraient atteint durant la période de janvier à septembre 2016 plus de 4,029 milliards d’euros.
Au cours de l’année 2015, l’essentiel des échanges extérieurs de l’Algérie reste toujours polarisé sur les partenaires traditionnels. En 2015, la Chine avec 8,22 milliards de dollars, la France 5,42, l’Italie 4,82, l’Espagne 3,93 et l’Allemagne 3,38 milliards de dollars.
Khider Cherif
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