Le lobbyiste du Makhzen Gilles Pargneaux pleure un accord mort et enterré
Au moment où plusieurs députés européens accordent leurs voix pour amener la Commission européenne à prendre des mesures d’application de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui a jugé en décembre dernier que les accords d’association et de libéralisation conclus entre l’Union européenne et le Maroc ne sont pas applicables au Sahara Occidental, le président du groupe d’amitié UE-Maroc au Parlement européen, Gilles Pargneaux, se démène comme un forcené pour essayer d’amortir un tant soit peu cette offensive.
Dans une lettre adressée à la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires extérieures et la politique de sécurité, Federica Mogherini, le député à la solde du Makhzen ose demander une réponse aux «légitimes préoccupations juridiques de nos partenaires marocains» sur le dos d’un peuple occupé et en violant l’arrêt de la CJUE. Il réduit ce désaveu fatal exprimé par une juridiction souveraine à des «complications» qui, selon lui, «furent inédites par rapport à une proximité de plusieurs décennies qui avaient (…) permis l’octroi du statut avancé au Maroc en 2008». L’eurodéputé vient ensuite au secours du ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui était venu, le 7 février dernier, à Bruxelles implorer Mogherini pour annuler tout simplement l’effet de l’arrêt de la Cour européenne, en lui suggérant d’envoyer d’urgence «un signal politique clair» et en rappelant que le royaume du Maroc était «un partenaire clé de l’Europe».
S’inspirant du même langage de courtisanerie, enrobé de chantage, le laquais du Makhzen claironne : «Désormais, la balle est dans le camp européen. Nous devons bien évaluer notre partenariat avec le Maroc, en adoptant un point de vue global. Les aspects économiques et commerciaux ne peuvent être séparés des problématiques de la migration et de la sécurité ; des problématiques qui sont des priorités communes tant pour le royaume du Maroc que pour l’Union européenne.» L’enjeu devient plus clair lorsqu’il écrit : «Je rappelle que le Maroc a toujours été un partenaire essentiel dans notre politique migratoire, notamment via l’accord de réadmission de 2013 ou la grande politique de régularisation des sans-papiers par le pays en 2015 et 2016.»
Ce discours correspond parfaitement à la décision prise ces derniers jours par Rabat de laisser près d’un millier de migrants africains pénétrer dans l’enclave espagnole de Ceuta, et donc dans l’Union européenne, en forçant la barrière frontalière. Un message clair aux dirigeants européens pour les obliger à ne pas appliquer la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).
Autre argument avancé par l’eurodéputé dans sa pathétique plaidoirie, et qui va dans le même sens du chantage utilisé par les Marocains, c’est que les accords commerciaux conclus avec le royaume du Maroc «sont à l’origine de nombreux emplois pour les Marocains, mais aussi pour les Européens, et que ces emplois sont les garants de la stabilité du pays» (sic).
R. Mahmoudi
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