Le RCD propose un redécoupage territorial sans les daïras
Poursuivant la présentation de son programme, le RCD fait état de ses propositions pour développer les langues officielles. Pour ce faire, ce parti de l’opposition préconise un système institutionnel qui s’appuie sur celui de la territorialité, où la région sera conçue aussi bien comme un espace d’expression de la démocratie locale que comme un pôle de développement et de rayonnement économique et socioculturel. Rappelant que la reconnaissance de tamazight comme langue officielle aux côtés de la langue arabe est une avancée, le RCD estime que cette avancée pourrait «permettre de lever les ostracismes qui freinent la mise en place d’une véritable dynamique de développement en permettant de concentrer les énergies patriotiques en vue de mobiliser notre peuple pour les tâches de construction d’une économie prospère». Pour ce parti, «la langue amazighe doit être protégée contre toute tentative de minoration politique ou juridique». «En plus d’être un vecteur de communication sociale, elle doit être aussi désormais une langue dans laquelle s’expriment les pouvoirs publics en direction des ressortissants de l’Etat national», a ajouté le RCD dans son programme électoral.
Le parti de Mohcine Belabbas compte promulguer une loi organique «qui fixe la mise en œuvre du caractère officiel de tamazight et les modalités de son intégration dans l’enseignement, les médias, l’administration et les domaines prioritaires de la vie publique et institutionnelle en vue de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle». Il affirme aussi qu’il mobilisera les moyens humains et matériels pour faire figurer tamazight sur l’affichage public, les panneaux de signalisation routière, son usage dans les gares routières, ferroviaires, aéroports et les ports ainsi que sa généralisation aussi bien sur les édifices des institutions publiques que les services et entreprises des secteurs étatiques.
Ce parti garantira l’enseignement de la langue et de la culture amazighes aux enfants algériens résidant à l’étranger au même titre que l’arabe, ce qui témoignera de la reconnaissance de la diversité linguistique et culturelle de notre pays. Pour développer les langues, le RCD veut aussi «dissoudre les daïras inutilement budgétivores en transférant leur personnel et les budgets correspondants au profit des communes qui sont dépourvues en employés qualifiés». Il justifie cette proposition par le fait que ces entités au nombre de 548 soient «le palier par excellence qui empêche toute intercommunalité au profit d’un contrôle policier de l’action des élus».
Le RCD s’engage aussi à restituer aux communes le contrôle de la conception et de la réalisation de tous les projets à caractère local quel que soit leur montant. Comme il veut rendre progressivement aux communes la maîtrise des services communautaires (eau, assainissement, collecte et gestion des déchets). «Ce contrôle doit porter sur les réalisations, l’exploitation et la tarification», a ajouté ce parti, pour lequel il faut «concevoir des entités territoriales homogènes regroupant un certain nombre de wilayas pour définir des espaces de programmation viables».
A cela s’ajoute, a précisé ce parti, la nécessité de redonner un pouvoir fiscal réel aux entités régionales et mettre en place un mécanisme transparent de redistribution des rentrées fiscales entre les divers échelons des collectivités. Le RCD propose, en outre, la mise en place d’un conseil supérieur de la magistrature dont les membres seront élus. C’est une condition pour garantir au magistrat un statut le mettant à l’abri des pressions et immixtions de sa tutelle et du pouvoir exécutif.
S’agissant du mouvement associatif, le RCD veut donner le droit pour les associations d’activer dès le dépôt du dossier de création par-devant l’autorité administrative compétente. Sur le plan de la gestion et de l’organisation des élections, le RCD considère que le nœud de la crise algérienne est l’illégitimité des pouvoirs depuis l’indépendance. Il demande à nouveau la mise en place d’une instance indépendante permanente chargée de la gestion des élections qui a pour mission d’organiser, gérer et superviser tous les processus électoraux, de la confection des fichiers des électeurs à la proclamation des résultats. «Cette instance sera dotée, a-t-il souligné, des moyens financiers et humains garantissant son autonomie. »
Sonia Baker
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